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Madame Valery.

Elle adore son mari, qui de son côté est un homme aimable, élégant, joli garçon…

Madame de Queyrel.

… Magistrat et possède des favoris blonds… Très bien.

Madame Valery.

Vous êtes méchante. Il ne s’agit pas de mon mari,

Madame de Queyrel.

Je plaisante, allez toujours.

Madame Valery.

Je n’ose plus, si vous croyez que je prêche pour mon saint.

Madame de Queyrel.

Mais non, votre saint est en dehors de la question.

Madame Valery.

Voilà donc un mari qui va beaucoup dans le monde, y est fort accueilli, fêté ; les femmes l’entourent, le flattent, le lorgnent… Qu’est-ce que vous voulez que fasse…

Madame de Queyrel.

Ce pauvre saint au milieu de tout cela ?

Madame Valery.

Vous riez, vous croyez que je plaisante ? Eh bien ! moi, j’ai vu de ces choses-là dans le monde… Il y a de vieilles coquettes qui n’ont pas honte de s’acharner après un jeune homme, de le harceler (Elle s’anime.) jusqu’à ce qu’elles aient attiré son attention, qu’elles aient obtenu de ce pauvre malheureux une contredanse, ou un sourire, ou un compliment… Savez-vous ce qu’on devrait faire à ces vieilles femmes-là ? — On devrait les fouetter jusqu’au sang.

Madame de Queyrel.

Il y en a bien quelques-unes de jeunes dans le nombre.

Madame Valery.

Les jeunes aussi sont à fouetter. Croyez-vous maintenant, ma chère amie, que, lorsqu’une jeune femme voit son mari dans des positions comme celles-là, elle ne doit pas éprouver un sentiment,… enfin un sentiment… Écoutez donc, ma chère, on tient à ce qu’on a.

Madame de Queyrel.

Mais c’est de la jalousie, cela !

Madame Valery.

Si vous appelez ce sentiment-là de la jalousie !…

Madame de Queyrel.

Dame…

Madame Valery.

Écoutez…

Madame de Queyrel.

Non pas, permettez ; le…

Madame Valery.

Vous m’empêchez de parler.