Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 79.djvu/490

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Madame Valery.

À vous avouer franchement, je ne trouve pas cela aussi lourd que vous le dites.

Madame de Queyrel.

Quoi, une couronne ?

Madame Valery.

Non, le chignon natté dont vous parliez tout à l’heure. Vous me disiez que votre mari vous le conseillait ; est-ce que M. de Queyrel s’occupe beaucoup de votre toilette ?

Madame de Queyrel.

Mais oui, pas mal ; … nous avons des discussions… Et le vôtre ?

Madame Valery.

Mon mari s’y intéresse fort, mais par boutades.

Madame de Queyrel.

Ah vraiment ! Un magistrat ! C’est singulier, je ne l’aurais pas cru.

Madame Valery.

Quelles idées avez-vous donc sur les magistrats ?

Madame de Queyrel.

Dame ! je ne sais comment vous dire cela… Sous beaucoup de rapports, je les crois semblables à tout le monde, et cependant il me semble qu’un homme qui porte une robe noire toute la journée, avec un bonnet carré…

Madame Valery, riant.

Vous êtes folle, chère amie. Je vous jure qu’ils n’ont rien d’effrayant.

Madame de Queyrel.

Il n’endosse jamais sa robe chez vous ?… Ça ne fait rien, l’idée de cette robe doit jeter un froid dans les relations.

Madame Valery, baissant les yeux.

Pas du tout, mais pas du tout… au contraire.

Madame de Queyrel.

Ah ! que vous me faites du bien en disant cela ; je vous aime tant ! Tenez, voici notre cher hôte qui revient vêtu de blanc de la tête aux pieds. Il a l’air de sortir d’un fromage à la crème.

Madame Valery.

Vous le taquinez toujours, et vous avez bien tort, il est si bon.

Madame de Queyrel.

Mais je l’aime de tout mon cœur, je vous jure.



Scène II.

Les Mêmes, MONSIEUR DAVOY, ayant une rose dans chaque main.
Monsieur Davoy, avec beaucoup de galanterie.

Voici, mesdames, les deux plus belles roses du parc ; permettez-moi de faire leur bonheur en vous les offrant.