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sous le jour le plus vif au sein des deux groupes qu’il nous reste à considérer dans la région du bas de la Loire, — le groupe rural et le groupe maritime. Pour aujourd’hui, nous ne nous occuperons que du premier, qui mériterait de nous retenir un moment, même quand nous ne serions pas à une époque d’enquêtes et de discussions agricoles.

Ce n’est pas tout à fait à l’agriculture proprement dite que s’adonnent les populations rurales comprises dans ce faisceau. En dehors de la branche qui ne connaît d’autre travail que le travail agricole, et c’est la plus étendue, il y en a une autre qui joint à cette occupation, en une mesure plus ou moins large, l’exercice de quelques industries très élémentaires. Ce sont certaines industries extractives, la fabrication des briques, de la poterie la plus commune, et surtout l’exploitation de la tourbe. Implantées l’une et l’autre des deux côtés du fleuve, les deux branches sont loin d’y occuper une égale étendue de terrain. Les familles qui demandent leurs moyens d’existence à l’agriculture seule sont répandues sur toute la surface du territoire, tandis que celles qui tirent quelque supplément d’un autre genre de travail sont nécessairement fixées sur les points où se rencontrent les matériaux mêmes de leur industrie. Ainsi les premières, vous les trouvez disséminées sur la rive gauche de la Loire, dans tout le pays de Retz, que possédèrent successivement jadis l’Aquitaine, le Poitou et la Bretagne, et qui correspond assez exactement aujourd’hui à l’arrondissement de Paimbœuf. Il en est de même sur la rive droite, dans cette partie de l’ancien comté nantais qui de Saint-Étienne de Montluc s’étend jusqu’à l’extrémité des cantons de Guérande et d’Herbignac. Le second rameau est épars çà et là dans quelques communes de ces mêmes districts. C’est néanmoins sur la rive droite qu’il compte son essaim le plus populeux, son centre le plus important, aux alentours de la Grande-Brière-Mottière. C’est là qu’il se distingue le plus vivement de la population agricole. Rien de plus facile, à l’aide de ces indications géographiques, que de suivre désormais les deux courans dans les sinuosités qu’ils décrivent.


I.

Le district de la Grande-Brière-Mottière, où nous fait pénétrer la principale industrie extractive de la région, l’exploitation de la tourbe, est situé au milieu de l’arrondissement de Saint-Nazaire, et il remonte vers le nord jusqu’au pied des collines qui délimitent le bassin de la Vilaine. C’est un pays étrange, qu’on traite quelquefois, quoiqu’un peu trop légèrement, de sauvage. Quant à la Grande-Brière proprement dite, elle ne ressemble qu’à elle-même.