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le manuscrit donne un feuillet commençant par ces mots, que ne précède aucune date : « Je ne connais pas assez la famille… » Il paraît bien qu’on a ici un simple fragment de lettre dont la première partie fait défaut. Cela n’empêche pas M. Lavallée d’ajouter une date, « juin 1667, » sans avertir que c’est là une simple conjecture, et de publier cette page comme une lettre entière, sans se demander si la première phrase ne suppose pas de précédens développemens.

Nous avons eu pour consigner ces remarques un triple motif. D’abord il est utile, surtout quand il s’agit des plus grandes époques et des figures les plus célèbres de notre histoire, qu’on sache quels instrumens d’étude on a sous la main : l’examen de manuscrits peu accessibles nous permettait exceptionnellement de donner cette information. En second lieu, de même que nous avons dû noter certaines erreurs pour expliquer en les réfutant les objections auxquelles elles donnaient lieu, nous n’avons aussi montré les autres fautes que pour prévenir d’autres objections de même nature ; M. Lavallée a pu commettre dans le cours d’un si long travail des négligences qu’il était à propos de signaler ; mais il ne paraît pas qu’il se soit jamais laissé tromper aux pièces fabriquées, et il a démêlé au contraire avec beaucoup de perspicacité un bon nombre de documens apocryphes. En troisième lieu enfin, nous aurons sans doute acquis, par une déclaration sincère au sujet de ce quatrième volume, le droit de témoigner en faveur du reste de la publication. Sur ce gros de l’œuvre, il y a bien encore sans doute quelques réserves à faire : la division en lettres édifiantes, lettres historiques, correspondance générale, etc., est confuse et mal observée. Il est arrivé à l’éditeur, comme cela devient souvent inévitable dans le cours de telles publications, de ne connaître que successivement, et l’œuvre déjà commencée, les diverses collections d’originaux ou de copies authentiques qui devaient lui permettre d’établir un recueil à peu près complet et un texte définitif ; il s’est donc résigné à publier quelquefois dans les derniers volumes des documens qui auraient dû paraître dans les premiers ; il en résulte une fâcheuse confusion. C’est ensuite une singulière idée que de conserver, tout en les sachant et en les disant fausses, des séries tout entières de lettres fabriquées au XVIIIe siècle ; au moins fallait-il en faire un volume à part, une sorte d’appendice, et ne pas les mêler à la correspondance authentique. Enfin, quelque garantie qu’offrent l’honnêteté littéraire et l’expérience de M. Lavallée, ce n’est pas assez, pour donner au lecteur toute sécurité, de dire simplement en note, au sujet de certaines séries admises dans le recueil, que les originaux en sont conservés dans tel cabinet d’amateur. De récentes trom-