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méridionale, aux plantes bulbeuses, aux bruyères du Cap, aux lycopodiacées, amies de l’ombre et de l’humidité, enfin aux orchidées, qui exigent une culture appropriée au mode très particulier de végétation dont elles nous offrent l’exemple. Des aquaria où l’air et l’eau sont maintenus à une température déterminée ont permis aux Européens d’admirer les merveilles de la végétation aquatique des fleuves de l’Amérique méridionale et des marais de l’Hindoustan.

Dans les grands établissemens, des espaces étendus sont consacrés aux arbres forestiers indigènes et exotiques, aux végétaux utiles, — plantes agricoles, médicinales, industrielles, alimentaires ou ornementales. Un herbier et des collections sont le complément obligé d’un grand jardin botanique. L’herbier reçoit les échantillons des végétaux à mesure qu’ils fleurissent et fructifient dans le jardin. Si la plante disparaît, l’échantillon reste, et le botaniste peut encore analyser sur le sec la plupart des organes essentiels qui servent à caractériser et à classer une espèce. Sans une bibliothèque botanique aussi complète que possible, un herbier ne rendrait que de médiocres services ; pour déterminer une plante, c’est-à-dire trouver son nom et lui assigner sa place dans la série végétale, il est nécessaire de la comparer directement avec les figures qui en ont été données et les descriptions qui en ont été faites ; aussi le nombre des ouvrages à consulter est-il souvent considérable. A. côté de l’herbier, la science réclame des collections de bois, de fruits, de graines, de produits végétaux. Tels sont les divers départemens dont se compose un grand jardin botanique. La description que nous allons donner de ceux de l’Angleterre et de la France montrera les services que ces établissemens rendent journellement à l’agriculture, à l’horticulture, à l’industrie, à la médecine, aux arts du dessin et de la décoration.


I

C’est à l’instigation de Francesco Bonafede, professeur de médecine à l’université de Padoue, que le sénat de Venise fonda dans cette ville en 1545 le premier jardin botanique[1] ; il était alors unique dans le monde. Le célèbre voyageur français Pierre Belon le visita en 1554 ou 1555. Il déclare que « onc n’en veist un plus magnifique. » Uniquement consacré dans l’origine aux plantes officinales, ce jardin ne tarda point à réunir tous les végétaux qu’une surface trop restreinte lui permettait de contenir. En 1786, il reçoit use autre visite mémorable, celle de Goethe, qui avait alors

  1. Visiani, Della origine e anzinità dell’ orto botanico di Padova, 1839.