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28 thermidor an III, du 28 vendémiaire an IV, déterminèrent la fabrication des pièces de 5 francs, la loi du 7 germinal an XI la fabrication des monnaies décimales d’or ou d’argent. Lentement, avec toute sorte de précautions que prescrivaient l’intérêt du commerce et le respect des habitudes prises, on démonétisa les écus de 6 livres, les pièces de 24, de 12, de 30, de 15 sous, qui circulaient encore librement il y a une trentaine d’années, et l’on arriva enfin à fixer d’une façon normale la monnaie ainsi qu’il suit : or, 100 francs, 50 francs, 20 francs, 10 francs, 5 francs ; argent, 5 francs, 2 francs, 1 franc, 50 centimes, 20 centimes ; bronze, 10 centimes, 5 centimes, 2 centimes, 1 centime. Ce système comprend toutes les monnaies décimales que peut fournir l’intervalle de 1 centime à 100 fr. ; les coupures et les multiples du franc, unité de monnaie, sont respectivement au nombre de 6. De plus chaque pièce a l’avantage de porter un nom qui indique la valeur exacte qu’elle représente. On est donc arrivé à une nomenclature précise, simple, commode à retenir, s’imposant d’elle-même, et qui facilite singulièrement les transactions de la vie usuelle.

Il ne suffisait pas de fixer d’après le système décimal le poids et le diamètre des monnaies ; il fallait en déterminer le titre, c’est-à-dire la quantité de métal précieux qu’elles devaient contenir. En 1792, Clavière avait proposé de fabriquer les espèces en métal pur. On ne put s’arrêter à ce projet, qui dénotait plus de probité que de connaissances pratiques. Le métal, or, argent, cuivre, à l’état de pureté, est d’abord assez difficile à obtenir en quantités importantes, et ne se prépare guère que dans les laboratoires ; mais il a en outre l’inconvénient de subir un frai considérable, c’est-à-dire de s’user très vite. Pour garder fidèlement l’empreinte, pour ne pas être trop sensiblement altéré par une manipulation perpétuelle, le métal destiné aux monnaies a besoin d’un alliage ; l’or et l’argent sont mêlés à du cuivre rouge, le cuivre est additionné d’étain, de zinc, et devient alors du bronze. Après de nombreuses expériences, on s’est arrêté à 900 millièmes de métal pur et à 100 millièmes d’alliage pour les monnaies d’or et les pièces de 5 francs en argent. Quant aux fractions de ces dernières, 2 francs, 1 franc, etc., elles sont à 835 millièmes. Cette dernière mesure est relativement récente, car le titre était égal dans le principe pour toute la monnaie plate. Elle a été commandée par notre intérêt même et pour ne pas voir toutes nos pièces divisionnaires d’argent accaparées par l’étranger, qui les refondait avec bénéfice ; elle pourrait avoir pour résultat prochain la démonétisation forcée de nos grosses pièces d’argent. Il est à désirer cependant qu’on y regarde de près avant de prendre à cet égard une détermination définitive. Nos pièces de 5 francs argent trouvent dans l’extrême Orient, vers la