Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/778

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Christophe Colomb. Ces presses, perfectionnées par l’ingénieur Houel, sont rapides et sûres ; nous les verrons fonctionner plus tard.

Pendant l’âge du marteau, après la chute de l’empire romain, on ne fabriqua guère que des pièces couvertes d’ornemens plus ou moins bien agencés, pièces de tout module, de tout titre, presque de toute forme, et qui circulaient sous toute espèce de noms, dérivés le plus souvent de l’empreinte spéciale dont elles étaient frappées, — agnelets lorsqu’elles représentaient un agneau, angelots quand elles portaient la figure d’un ange, écus à cause du blason qui les revêtait, liards, que Guigne-Liard, de Cremieu en Viennois, mit le premier en circulation vers 1430. Les premiers testons, c’est-à-dire les premières monnaies à effigie, furent frappés sous Anne de Bretagne, Louis XII et François Ier ; mais l’usage de ces pièces n’entra définitivement dans les mœurs des souverains qu’avec Henri II, qui, par édit royal du 8 août 1548, ordonna que dorénavant la monnaie reproduirait le buste du roi. Ce fut aussi sous son règne qu’on commença de mettre régulièrement le millésime au revers des pièces ; avant lui, il est très rare de le rencontrer, et on ne le trouve guère que sur un écu d’or d’Anne de Bretagne (1493). Ainsi qu’on le voit, c’est Henri II qui a créé la monnaie française : il lui a donné le type, l’effigie, la date ; mais en cela il n’a fait que suivre l’exemple que les princes italiens lui offraient depuis longtemps.

Ces améliorations excellentes rendaient notre monnaie plus belle, mais non plus régulière. Le titre, le poids, le diamètre, variaient perpétuellement. Quand on parlait de refondre les monnaies, tout le monde était pris d’inquiétude ; comme la valeur était plus nominale que réelle, on craignait d’avoir des pertes à supporter. Les parlemens s’en mêlaient, et Louis XVI lui-même fut obligé de subir leurs remontrances, dont il ne tint du reste aucun compte. Pour cela, comme pour tant d’autres choses, les hommes de la révolution tombèrent juste du premier coup en adoptant le système décimal, qui déjà depuis quelques années était admis dans les sciences exactes, et dont l’emploi, décrété le 1er août 1793 et réglé par les lois du 18 germinal an III et du 1er vendémiaire an IV, ne fut rendu obligatoire que quarante ans après par la loi du 4 juillet 1837, qui édictait des peines contre quiconque emploierait les termes usités autrefois. Ce n’est donc pas immédiatement qu’on fit subir aux monnaies la réforme nécessaire ; les premières espèces dites constitutionnelles furent des écus, des demi-écus, des pièces de 30 et de 15 sous ; du reste on ne fabriquait guère, les métaux précieux avaient disparu, les hôtels des monnaies étaient clos, le louis d’or de 24 livres valait 18,000 francs en assignats. Les décrets du