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LES SOLANÉES
ESSAI DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE.


Parmi les végétaux, on remarque des groupes appelés familles dont tous les membres, malgré d’apparentes dissemblances, portent une marque commune, et se distinguent nettement dans l’ensemble du règne. Les plantes qui appartiennent à ces sortes de confédérations ont des propriétés, une composition analogues. Les renonculacées sont toutes plus ou moins pénétrées d’un suc âcre, caustique et vénéneux. Les crucifères contiennent du soufre et de l’ammoniaque. Les malvacées renferment en abondance un principe mucilagineux et émollient. Les légumineuses sont féculentes et nutritives. Beaucoup d’ombellifères sont aromatiques. Il y a plus encore, on a cru reconnaître une corrélation à peu près constante entre les propriétés chimiques et les formes extérieures des plantes. Dans un ouvrage fort curieux, auquel les physiologistes n’ont peut-être pas accordé toute l’attention qu’il mérite, M. A.-P. de Candolle, reprenant l’étude de cette loi, entrevue par les anciens botanistes, nettement formulée au XVIIe siècle par Camérarius, reconnue par Linné, et de nouveau proclamée par Laurent de Jussieu, cherche à la confirmer au moyen d’analyses anatomiques, et la rend manifeste par des chiffres. Sur cent cinquante familles soumises à une étude comparative, cent neuf ont donné des résultats affirmatifs. Est-il étonnant d’ailleurs que la physionomie d’un être quelconque de la création en fasse pressentir les propriétés et deviner les affinités secrètes ? Certes les exceptions ne manquent pas : la redoutable ciguë se trouve dans la même famille que la carotte bienfaisante, la douce patate confine à l’âcre jalap, l’amère coloquinte ressemble au melon, si riche en élémens sucrés, et la très suspecte