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France où cet usage est ancien, comme le département du Nord, on en obtient des merveilles. Des déposans ont demandé en outre que des études soient faites pour la création de grands canaux d’arrosage aux frais de l’état, et qu’on subventionne des compagnies pour l’exécution des travaux. Ces projets méritent sans doute un grand intérêt, mais pourquoi faire intervenir l’état? Les conseils-généraux sont mieux placés pour diriger cet ordre de travaux, à moins qu’il ne s’agisse d’un tracé qui embrasse plusieurs départemens, ce qui est rare.

Qui ne se rappelle les fameuses lois de 1856 et de 1858 qui ont affecté une somme de 100 millions à faciliter des travaux de drainage ? Ces lois sont restées une lettre morte. Le nombre des prêts autorisés depuis dix ans n’a été que de 75, d’après M. Monny de Mornay lui-même; le montant des sommes allouées s’est élevé seulement à 1,111,790 fr., et dans l’ensemble des travaux exécutés les prêts de l’état n’ont concouru que pour 2 1/2 pour 100. L’avortement de cette bruyante tentative, quand un essai analogue a eu tant de succès en Angleterre, montre combien il est difficile de réveiller sur un point l’esprit d’initiative lorsqu’on l’étouffé sur tous les autres.

Tout le monde a constaté que la production des engrais naturels est insuffisante. Dans la plupart des exploitations rurales, le nombre des bestiaux n’est pas en rapport avec l’étendue des cultures, les fumiers de ferme sont loin d’être assez abondans, ils sont de plus mal préparés et mal soignés. Il n’y a que le progrès des connaissances agricoles qui puisse changer ce fâcheux état de choses. On a exprimé souvent le vœu que les engrais des villes soient plus complètement utilisés, et en particulier ceux que produit une ville de 2 millions d’habitans comme Paris. Des recherches incessantes sont faites pour amener des résultats pratiques sans compromettre la salubrité. On demande en outre que les engrais étrangers entrent en France en franchise absolue, ce qui n’imposerait au trésor qu’un sacrifice insignifiant. On demande enfin que le privilège du propriétaire sur la récolte de l’année, en vertu de l’article 2,102 du code civil, soit étendu aux ventes d’engrais, comme il l’est déjà par le même article aux fournitures de semences et aux frais de récolte. Ce vœu raisonnable va être satisfait.

L’importante question du reboisement a souvent reparu dans l’enquête à propos des ravages que les torrens des montagnes font dans les terrains en pente et des inondations qui s’ensuivent dans les grandes vallées. C’est là une de ces œuvres nationales qui ne peuvent être accomplies que par l’état. Deux lois de 1860 et 1864 ont été rendues sur ce sujet; elles s’exécutent avec lenteur. La contenance totale des terrains reboisés ou regazonnés a dû at-