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cette question a été examinée, et on l’a toujours reconnu une tracasserie sans utilité. L’usage des machines agricoles vaut mieux : les concours publics contribuent à répandre ces machines; mais elles ne suppléent qu’imparfaitement au manque de bras, elles ont peu d’action sur un sol morcelé, et exigent des avances hors de la portée de la plupart des cultivateurs.

Si l’instruction primaire recevait une direction plus agricole, elle pourrait contribuer à retenir chez eux les habitans des campagnes. Le gouvernement a promis de s’en occuper. L’enseignement primaire a été donné jusqu’ici dans un sens anti-agricole. Il s’agirait d’y ajouter des notions sommaires d’agriculture et d’horticulture, des élémens de nivellement et d’arpentage, quelques principes de chimie agricole et d’histoire naturelle. Dans les écoles de filles, on demanderait spécialement des leçons d’économie domestique, en évitant tout ce qui peut donner des goûts de luxe et de toilette. On a paru considérer aussi comme un puissant moyen de retenir les populations rurales une organisation plus efficace de l’assistance publique. Beaucoup de déposans ont fait remarquer que les secours de tout genre manquent dans les campagnes tandis qu’ils abondent dans les villes. Il y a beaucoup à réfléchir avant de s’engager dans cette voie, elle présente un danger. Un plus grand développement des caisses d’épargne et des sociétés de secours mutuels, à peu près inconnues des populations rurales, serait incontestablement utile ; mais on ne peut pas en dire autant des institutions d’assistance. Grâce à la diffusion de la propriété, à l’esprit d’ordre et d’économie qui règne dans les familles, les habitans des campagnes ont rarement besoin de secours, et quand la nécessité se présente, l’assistance mutuelle et la charité privée suffisent pour y pourvoir. Il serait imprudent de leur donner d’autres habitudes.

Le rapport comprend sous un seul titre tout ce qui concerne les irrigations, les desséchemens, les engrais, les reboisemens et gazonnemens. La pratique des irrigations est loin d’être assez répandue. Sur les cours d’eau non navigables et flottables, qui peuvent être surtout utilisés pour cet emploi, se trouvent habituellement de nombreuses usines; il s’établit une lutte incessante entre les propriétaires de ces usines et ceux des terres voisines qui voudraient user des cours d’eau pour l’irrigation. Le défaut d’entente entre les propriétaires qui pourraient effectuer des irrigations communes, l’extrême division des propriétés et surtout le morcellement excessif des parcelles constituent de grands obstacles aux travaux de ce genre. On n’atténuera ces difficultés qu’en formant des associations syndicales entre les intéressés. La population française a peu l’habitude des associations; il faut la lui donner, et pour cela il faut simplifier autant que possible les formalités. Dans les parties de la