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trefaire les diverses signatures qui sont sur le billet, ce qui est toujours la partie la plus délicate de toute contrefaçon, tandis que pour la monnaie métallique, du moment qu’on fournit le même poids et le même titre, on n’a que le coin à fabriquer, et il est à croire que ce n’est pas une chose très difficile, puisque tous les jours nous voyons imiter les coins des divers peuples, même ceux qui ne sont plus en usage. Ainsi l’Angleterre, depuis nombre d’années, frappe en Chine et ailleurs des piastres mexicaines, dites piastres à colonne, qui sont particulièrement recherchées dans l’Orient. Qui empêcherait ceux qui y auraient intérêt de frapper de même nos pièces billonnées de 5 francs? Dans tous les cas, c’est un grand risque à courir, et on peut l’éviter en supprimant purement et simplement la pièce de 5 francs, tant en argent qu’en or, et en n’ayant plus de monnaie principale au-dessous de 10 francs. La pièce de 10 francs en or est assez grande pour ne pas glisser des doigts, elle se distingue facilement de la pièce supérieure de 20 francs, et, si elle est assistée d’une plus grande quantité de monnaie divisionnaire, elle nous paraît devoir répondre à tous les besoins. L’Angleterre n’a que le souverain et le demi-souverain de 12 fr. 50 en dehors de la monnaie divisionnaire d’argent, et nous venons de lire un rapport au gouvernement suédois par son délégué à la conférence de 1867, M. Wallenberg, qui propose de décréter le ducat d’or de 10 francs comme monnaie principale du pays. Il n’y a donc aucune difficulté sérieuse à adopter ce système, et, si on doit arriver un jour à l’unité monétaire, on y arrivera aussi bien avec la pièce de 10 francs qu’avec celle de 5 francs. Onze receveurs-généraux se sont prononcés, sinon dans ce sens, au moins pour la suppression complète de la pièce de 5 francs d’argent. L’état trouverait à cette solution le même profit qu’à billonner la pièce de 5 francs. Avec l’existence de cette pièce, on a limité par la convention de 1865 à 240 millions la monnaie divisionnaire au titre de 835 millièmes que la France serait autorisée à frapper; cette proportion devrait être changée, s’il n’y avait plus de monnaie principale au-dessous de 10 francs. Il faudrait probablement plus que la doubler. Supposons l’augmentation de 300 millions et le profit par franc de 7 centimes; cela donne une somme de 21 millions, plus que l’équivalent des frais de la démonétisation.

Quelques trésoriers-payeurs-généraux et quelques chambres de commerce ont exprimé aussi le vœu qu’on maintînt la pièce de 5 francs d’argent au titre de 9/10 en en faisant une monnaie de commerce sans cours obligatoire. Cette idée de fabriquer une monnaie spéciale pour les besoins du commerce n’est pas neuve; elle a traversé l’esprit de presque tous les gouvernemens qui ont eu à