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mille, des souvenirs d’enfance fort respectables à coup sûr, mais dont il n’apprécie pas nettement l’exagération, l’attachent par des liens trop forts en vérité à cette motte de terre, qui n’a, sur ma parole, aucune espèce de valeur. Le vieux père de l’abbé Leroux est mort dans cette maisonnette en saint ou à peu près, je n’y veux pas contredire; mais les murs en sont délabrés, la toiture vermoulue, pas une fenêtre ne ferme, les tuiles disjointes, fendues, rongées, laissent pénétrer la pluie, si bien qu’en temps d’orage j’ai su par la Claude qu’il fallait porter au grenier toutes les terrines de la maison. Le sol pierreux, la terre plus pauvre que de mesure, se refusent à toute culture... Le chiendent y languit! Cela n’est point cependant ce qui m’embarrasse, et ces raisons ne sont pas des obstacles pour moi; faites-les valoir, quoi qu’il en soit, et, s’il le faut... dame! s’il le faut, poussez jusqu’à vingt mille; mais faites vite et habilement, vous savez que je suis homme à savoir reconnaître un service. La correspondance m’accable, — j’écris vingt-cinq ou trente lettres par jour.


LE COMTE DE X... A L’ABBÉ LEROUX, AU PALAIS ÉPISCOPAL.

Ce que vous me mandez de la santé de monseigneur nous plonge, la comtesse et moi, dans la consternation. Que de souffrances et d’angoisses pour couronner l’édifice d’une vie consacrée tout entière au bonheur des autres !... Les expressions me manquent; nous sommes navrés!

Nous prions Dieu, et du plus profond de notre cœur, pour le rétablissement de notre saint prélat. — Veuillez lui transmettre l’expression de nos vœux.

J’ai un remords, mon cher abbé : je ne vous ai point affligé au moins en insistant quelque peu pour la vente des Herbiers? J’attends un mot qui me rassure.


LE COMTE DE X... AU CURÉ DE SAINTE-CROIX.


Monsieur le curé,

Vous me rappelez une promesse que je n’avais nullement oubliée, veuillez le croire, et votre lettre m’arrive au moment même où je m’occupais d’en hâter la réalisation. En briguant l’honneur de défendre au corps législatif les intérêts de ce beau pays, je fais passer les besoins de l’âme avant les besoins du corps, et j’estime que la régénération sociale que nous souhaitons est tout entière dans la libre expansion des idées religieuses.

C’est vous dire, monsieur le curé, que je n’ai point oublié la maison du Seigneur. Vous pouvez compter sur les fonds nécessaires pour la restaurer entièrement. L’important serait donc maintenant