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terrain la position exceptionnelle qu’il occupe dans le parc de Sainte-Croix. Pour en finir avec ce fameux projet, un mot encore : je ne sais au juste quelles sont la contenance et la valeur des Herbiers; mais ils ne me paraissent pas loués d’une façon très avantageuse, et je serais presque tenté de vous reprocher quelque négligence dans l’administration de votre bien, si je ne devinais sous cet apparent abandon la trace de votre charité et de votre bon cœur.

Le loyer des Herbiers est-il de 150, 200, 300 francs? Calculez, mon cher abbé, le capital que représente ce revenu, quel qu’il soit, et, comme il est juste que je paie la convenance, priez mon notaire, maître Ledoyen, de multiplier par deux le susdit capital.

Vous voyez, cher abbé Leroux, que je suis rond en affaires. L’acquisition des Herbiers n’est pas, à vrai dire, une affaire.


LE COMTE DE X... A MONSIEUR A. SAX, FABRICANT D’INSTRUMENS DE CUIVRE.


Monsieur Sax,

N’auriez-vous pas fait erreur dans le choix des embouchures? Tout est fort bien quant au reste, à l’exception cependant d’un pavillon qui a été singulièrement endommagé dans le transport, et dont j’ai fait constater l’état au chemin de fer. Mes musiciens, qui, à vous dire le vrai, ne sont pas des virtuoses, se plaignent extrêmement des embouchures. S’il était possible d’en avoir de plus larges, je vous serais obligé de me les expédier. Les sons devraient-ils être un peu moins purs par le fait de ce changement, que mes pompiers n’y verraient pas grand inconvénient, ni moi non plus.

Veuillez mettre le comble à votre complaisance en m’envoyant quelques fanfares de la plus grande facilité et produisant de l’effet, quelque chose de gai, de bien cadencé. Votre situation vous met en mesure de me rendre ce petit service mieux que qui que ce soit. Vous m’aviez promis aussi de joindre à votre envoi la poudre qui sert à nettoyer les cuivres. Fort importante, cette poudre! Notre musique joue le plus souvent en plein air, et le moindre brouillard, la moindre pluie ternit affreusement ces instrumens.


L’ABBE LEROUX AU COMTE DE X...


Monsieur le comte,

J’ai la douleur de vous annoncer que monseigneur vient d’avoir une rechute infiniment plus sérieuse que les autres. Cette crise se manifesta quelques heures seulement après le départ du célèbre opérateur que nous fîmes venir de Paris il y a quelques jours, et sur lequel vous avez émis une opinion en tout conforme à la mienne. Les sécrétions aqueuses ne trouvant pas d’issue, les douleurs devinrent bientôt intolérables. On télégraphia immédiatement; mais