la liberté de droit commun, l’égalité légale. Ce que naïvement le gouvernement lui offrait comme une panacée efficace, c’était une réforme tout imprégnée de théories féodales. Il réunissait des assemblées qui pussent le conseiller, le surveiller au besoin ; mais les membres en étaient nommés par lui, il choisissait les juges qu’il voulait bien consentir à se donner. Doit-on être surpris après cela que les députés investis par la faveur royale d’un droit de contrôle énervé d’avance aient perdu leur temps en de mesquines querelles ?
Une autre cause contribuait à paralyser les assemblées provinciales, on la distingue nettement dans le Hainaut et dans le Cambrésis. Cette cause, c’est l’hostilité sourde avec laquelle les représentans du pouvoir accueillaient les instructions libérales qu’on leur expédiait de Versailles. C’est le sort et le châtiment des gouvernemens qui ont substitué comme base de leur autorité la force à la justice de voir le haut personnel de leurs fonctionnaires, les instrumens principaux de leur action, être les premiers à les entraver quand ils veulent chercher dans une autre voie la stabilité que l’arbitraire ne leur donne plus. Les dévoûmens qu’ils ont façonnés se refusent à cette application nouvelle. Il est curieux de voir ici quelle habileté déploie l’intendant de la province pour rendre illusoire l’influence de l’assemblée. Cet intendant n’était pourtant ni un pédant ni un sot. C’était un homme distingué à tous égards, un personnage dont il avait été maintes fois question comme candidat au ministère, un de ces gentilshommes disciples des économistes et des philosophes qui savaient avec tant de verve mettre à nu les vices du temps, c’était Sénac de Meilhan, qui s’est fait un nom honorable dans les lettres, et eût pu dans d’autres temps s’en faire un dans la politique ; mais c’était un intendant. Cet homme d’esprit, cet administrateur habile, borna son rôle à ruser avec le pouvoir pour faire échouer les combinaisons de ses chefs. À tous les degrés de la hiérarchie, il en était à peu près de même. Les privilégiés se défendaient. Sénac de Meilhan et les politiques égoïstes et sceptiques qu’il représente en cette affaire disparaissent de la scène dès que le tiers-état y fait son entrée. On commence à voir apparaître le peuple dans la grande enquête qui précéda la convocation des états-généraux, et M. Legrand a été bien inspiré de consigner à la fin de son livre, solide et nourri de faits, les vœux exprimés dans les cahiers de l’intendance qu’il étudie. On ne saurait mettre en lumière avec trop de soin ces cahiers où revit l’âme de la France de 89, et où le programme de la France nouvelle est encore contenu.
ALFRED EBELOT.
L’un des bienfaits de la civilisation moderne est la création hygiénique des jardins publics. Ces jardins, ces squares, ces poumons, comme les appellent nos voisins d’outre-Manche, étaient devenus indispensables pour nos grandes villes. On a compris qu’un ensemble de transformations dont l’effet inévitable était de faire disparaître tous les jardins particuliers devait faire une large part aux jardins publics. N’en déplaise