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mais irrégulièrement et par petites quantités, de Saint-Pierre, de Terre-Neuve, du Danemark. Il s’agit de favoriser le courant d’importation par des demandes suivies. Les prix baisseront à mesure que s’établira la concurrence. Ici le gouvernement peut aider l’industrie en utilisant pour l’éclairer les moyens d’information qu’il possède au dehors. Il lui appartient encore d’une manière plus immédiate d’améliorer les voies de transport propres à faciliter le prompt écoulement de la marchandise. Pour les produits de la pêche comme pour ceux des salines, la construction du chemin de fer de Saint-Nazaire au Croisic et à Guérande figure au nombre des mesures qui promettent les résultats les plus significatifs.

Un intérêt non moins évident commanderait d’améliorer les petits ports des côtes avoisinant l’embouchure de la Loire, et dont l’état laisse tant à désirer. Après des ouvrages si multipliés et peut-être un peu trop luxueux exécutés dans les ports commerciaux de premier et de second ordre, il est grand temps de songer aux ports de moindre importance, dont dépend parfois la prospérité de tout un district. A la Turballe, par exemple, où règne une si grande activité, où l’on a vu en douze ou quinze ans s’édifier une petite cité sur un point à peine habité jadis, il n’existe qu’une sorte de digue très courte, insuffisante pour abriter dans la mauvaise saison les barques pressées contre ce rempart, où elles se heurtent les unes les autres. Pourtant nous sommes ici devant une rade splendide, où l’eau abonde et permet tous les arrangemens désirables. Égale insuffisance d’abri ou absence totale de travaux de défense à Léra, à Piriac, à Mesquer, au Cormier, à Saint-Michel-Chef-Chef, à Saint-Brévin, aux Moutiers. Au Croisic, au Pouliguen, à Pornic, les ports ont besoin d’être curés, creusés, élargis ou débarrassés de roches dangereuses. Sur plusieurs de ces points, il est vrai, à la suite des vœux exprimés par les conseils généraux, diverses constructions ont été décidées; quelques-unes même sont en voie d’exécution. Elles serviront sans doute à faire reconnaître l’étendue des lacunes existant encore après un si long délaissement et la nécessité de pousser les travaux avec activité.

Quand s’ouvrirent les lignes ferrées de La Rochelle, de Lorient, des sables d’Olonne, les barques de la côte armoricaine furent aussitôt attirées vers ces ports par la facilité des expéditions. Le Croisic vit tomber à rien la riche clientèle qu’il possédait auparavant. Dans l’arrondissement de Saint-Nazaire, les transactions sur le poisson tombèrent en six ans de 654,000 à 60,000 francs. Lorsque le chemin de fer reliera ce port au réseau de la compagnie d’Orléans, on aura donc à réagir contre des habitudes prises. Pour réussir à les modifier, il importe que la pêche puisse prendre dans