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avait enlevé la timidité de l’inexpérience. Cette défiance de lui-même le rendait plein de réserve et de modestie, et il suivait volontiers, en les couvrant de son nom et de sa responsabilité, les conseils du guide que le roi lui avait donné dans d’Estrées.

Le Foudroyant avait pour matelot d’avant le Vainqueur, commandé par le bailli de Lorraine, pour matelot d’arrière le Terrible, commandé par M. de Relingue. Le vice-amiral de cette escadre du centre était le marquis de Coetlogon sur le Tonnant, et le contre-amiral était de Pointis sur le Magnanime. L’avant-garde avait pour amiral de Villette-Mursai, monté sur le Fier. Les matelots d’avant et d’arrière étaient Saint-Maur sur le Content, et Ducasse sur l’Intrépide. Le vice-amiral de cette seconde escadre était d’Amfreville sur le Saint-Philippe, et le contre-amiral de Belle-Isle-Erard sur le Magnifique. L’arrière-garde enfin était commandée par de Langeron sur le Soleil-Royal, ayant pour ses matelots d’avant et d’arrière MM. de Tourouvre et d’Aligre sur l’Invincible et sur l’Ardent, Le vice-amiral était de La Harteloire sur le Triomphant, et le contre-amiral M. de Sepville sur l’Admirable.

La flotte anglaise présentait un effectif de 45 vaisseaux de ligne portant 3,254 canons et 20,045 hommes, de 6 frégates, 7 brûlots, 5 autres bâtimens et 12 vaisseaux hollandais. Comme la flotte française, elle était divisée en trois escadres. Au centre était l’amiral sir George Rooke sur le Royal-Catherine, ayant pour amiraux le chevalier Jean Leake sur le Boyne, et Thomas Dilkes sur le Kent. A l’avant-garde, sir Cloudesly Shovel montait le Barfleur, et avait sous ses ordres comme officiers-généraux George Buch sur le Ranelagh et le chevalier André Leake sur le Grafton. Enfin à l’arrière-garde étaient les Hollandais, commandés par les amiraux Kallembourg, Wassenaer et Vanderdussen,

L’amiral sir George Rooke n’eut pas plus tôt aperçu la flotte du comte de Toulouse qu’il comprit qu’elle venait reprendre Gibraltar. Il se résolut dès lors à la combattre. C’était le seul moyen de sauver sa conquête, car la garnison qu’il y avait laissée, insuffisante en nombre, mal approvisionnée, peu faite aux ressources et aux moyens de défense de la place, devait céder à un vigoureux coup de main, comme avaient cédé les Espagnols. Il réunit immédiatement son conseil, moins pour lui demander un avis que pour lui faire comprendre la nécessité de la résolution qu’il adoptait et le besoin qu’il y avait de vaincre. Cependant la situation était alarmante, car dans une récente et vaine tentative pour s’emparer de Ceuta la flotte s’était encombrée d’un certain nombre de blessés, et avait usé une partie de sa poudre et de ses boulets. Aussi, ne pouvant jusqu’au bout dominer son inquiétude et admettant la