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UNE RUPTURE.


HENRI.

Pardon ! Mon tort le plus impardonnable est de n’avoir pas deviné qu’un timide deviendrait hardi par hasard.

DIANE.

Par amour.

HENRI.

Soit!

DIANE.

Vous le connaissiez, vous aviez reçu ses confidences, vous saviez à quel point il m’adorait! Il faut que vous soyez le plus aveugle des hommes pour avoir un seul instant douté de lui !

HENRI.

Et vous?

DIANE.

Eh ! savais-je ce que je faisais? Vous avez abusé du fol entraînement d’une âme désespérée!

HENRI.

J’en conviens, si tel est votre bon plaisir; mais je suis prêt à réparer le mal que j’ai pu faire dans l’innocence de mon cœur.

DIANE.

Bien! J’accepte. Rentrez chez vous, fermez la porte, n’écrivez rien, ne dites rien à personne, et brûlez-vous la cervelle. À ce signe, je verrai que vous êtes un homme de cœur.

HENRI, à part.

Jusqu’à présent, je n’avais pas compris Marguerite de Bourgogne; mais ce rôle, qui paraît entaché d’exagération, commence à devenir vraisemblable.

DIANE.

Hésiteriez-vous par hasard?

HENRI.

Par hasard? non ! mais par instinct de conservation, (on entend le roulement d’une voiture.)

DIANE.

Dieu! le voici! fuyez, disparaissez, sortez de ma maison, de ma mémoire. Il va vous rencontrer. Que croira-t-il? que direz-vous?

HENRI.

Moi? pas un mot, madame. Je reste son cousin fidèle... et votre serviteur discret. Rien ne s’est passé entre nous, car en somme erreur n’est pas compte.


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