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malheur un dévoûment... Adieu!... Merci... Adieu!... (Elle fait un mouvement pour sortir.)

HENRI, la retenant.

Ange !

DIANE.

Un pauvre ange terriblement déchu. Mes ailes sont brisées, et je ne sais plus où j’en suis.

HENRI.

Appuyez-vous sur moi. Disposez de mon bras, de mon sang, de ma vie, de mon salut éternel; commandez-moi des choses héroïques, effroyables, impossibles !

DIANE.

Je ne vous commande rien,... pas même de m’adorer.

HENRI.

Auriez-vous donc le cœur de me le défendre?

DIANE.

Oui!... Non!... Je ne sais pas...

HENRI.

Diane, vous m’aimez!... Dieu nous a créés l’un pour l’autre. Jusqu’à ce jour tout a été méprise dans votre vie et dans la mienne; mais nous devions nous rencontrer enfin.

DIANE.

Vous croyez ?

HENRI.

Je le jure par vos grands yeux effarés, par votre cœur qui bat,… par ces lèvres...

DIANE.

Henri !

HENRI.

Ah ! l’univers est à moi !... (Il la presse sur son cœur et l’embrasse. Silence.)

DIANE.

C’est pour la vie, n’est-ce pas?

HENRI.

Certes ce n’est pas moi qui ferai la sottise de rompre avec un petit être aussi délicieux.

DIANE.

Vous sentez-vous capable de m’aimer sans arrière-pensée?

HENRI.

Assurément, comment l’entendez-vous?

DIANE.

Le souvenir?...

HENRI.

Moi, jaloux du passé? Vous me faites injure.