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l’Elbe supérieur. La concentration des troupes prussiennes était maintenant assurée; on l’acheva rapidement. Les trois armées d’opération furent réunies sur une grande ligne de bataille, longue de huit lieues (32 kilomètres), et, qui faisait à peu près face à la partie de l’Elbe qui court de Josephstadt à Kœnigsgrætz. L’armée de l’Elbe, formant l’aile droite, s’avança jusqu’à Smidar, au sud-ouest de Kœnigsgrætz. Le prince Frédéric-Charles se plaça à cinq lieues et demie en avant de cette place, à Horsitz, formant le centre. Le prince royal forma l’aile gauche, de Miletin à Kœniginhof, sur la rive droite de l’Elbe, laissant sur la rive gauche le 5e et le 6e corps à Gradlitz. Les trois armées n’en firent plus qu’une. Le roi, arrivé de Berlin, en prit le commandement le 2 juillet, et établit son quartier-général à Gitschin. Une grande bataille était inévitable. Les Prussiens la désiraient, les Autrichiens s’y étaient préparés.

Resserré chaque jour davantage par cette marche convergente, Benedek. dut renoncer à en retarder le progrès et se résoudre à une action décisive. Dès le 28 juin au soir, il commença de concentrer ses troupes et se retira sur la rive droite de l’Elbe, en avant de Kœnigsgrætz. Il choisit là, pour y livrer bataille, une position depuis longtemps étudiée, qui avait, comme on le verra, de grands inconvéniens, mais qui permettait, en cas de succès, de reprendre l’offensive. Ce fut, paraît-il, cette considération qui décida le général autrichien. Il s’établit sur des collines boisées, entrecoupées de ravines profondes et qui s’étagent en amphithéâtre en avant de la plaine où se trouve Kœnigsgrætz, entre l’Elbe, la Trotina et la Bistritz. Ces hauteurs atteignent leur point culminant à Chlum et à Lipa, point où la route de Gitschin à Kœnigsgrætz les coupe à peu près par le milieu. C’est en avant qu’elles sont le plus escarpées, du côté de la Bistritz, qui coule au pied, parmi des marécages, et dont le lit en ce lieu est à peu près parallèle à celui de l’Elbe; en arrière, elles s’abaissent plus doucement vers ce fleuve. On barricada les villages, on fit partout des abatis d’arbres destinés à embarrasser l’ennemi et à couvrir son feu. Enfin on établit des batteries superposées, placées de telle sorte qu’un feu convergent balayât la route de Gitschin. L’excellence de l’artillerie autrichienne, la bravoure de ceux qui la servent, rendaient ces préparatifs formidables, si défectueuse que fut d’ailleurs cette position adossée à un fleuve. L’armée fut disposée sur les hauteurs de la manière suivante : les Saxons à gauche, de Prim à Problus, avec le 8e corps, un peu en arrière, leur servant de soutien; à leur droite et formant le centre, le 10e corps et le 3e, dans une position plus avancée sur la Bistritz, à cheval sur la route, en arrière de Sadowa, et le 4e corps de Chlum à Maslowed. Le 2e corps formait la droite, de Maslowed