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autrichien tout entier, avec une division de cavalerie et 100 canons. L’avant-garde prussienne, après avoir soutenu bravement le choc, reculait, accablée par le nombre; mais Steinmetz avait pu se déployer en partie : il fait hisser des canons sur les hauteurs et prend hardiment l’offensive. Ses hulans culbutent les fameux cuirassiers autrichiens. Toutes les forces autrichiennes étaient depuis longtemps en ligne; les Prussiens se renforçaient à chaque instant. Ramming dut céder enfin à cet élan impétueux et se retirer sur Skalitz en laissant 3 drapeaux, 5 canons et 2,000 prisonniers aux mains de l’ennemi. Malgré cet avantage, la situation de l’armée prussienne le 27 au soir n’était rien moins qu’assurée, et l’on s’accorde à dire que Benedek perdit à ce moment l’occasion de vaincre.

Les deux armées de l’ouest étaient encore à deux jours de marche, contenues d’ailleurs par Clam-Gallas. Le prince royal, arrêté à droite, était acculé au pied des montagnes, incomplètement déployé, n’avait en ligne que 67,000 hommes, et ses trois corps ne communiquaient point entre eux. Au lieu de rejeter dans les défilés Steinmetz victorieux, mais fatigué par la lutte, de renforcer Gablenz à Trautenau et de couper le centre des ennemis des deux autres colonnes, Benedek se contenta de faire revenir le 3e corps, resté vers Olmütz, et d’envoyer le 6e (archiduc Lépold) rejoindre Ramming devant Nachod. Quant à Gablenz, il dut quitter la position excellente qu’il avait gardée pour rétrograder vers l’Aupa, y occuper la garde prussienne, qui y était déjà campée, et l’empêcher de soutenir Steinmetz. Ces troupes, éprouvées déjà, durent ainsi, après une journée de combat, entreprendre une marche de flanc devant un corps d’élite tout frais et supérieur en nombre. Elles rencontrèrent la garde prussienne le 28 au matin à Burgersdorf ; Gablenz, qui savait le 4e corps près de là, à Kœniginhof, et s’attendait à être appuyé, accepta le combat. Une seule brigade vint à son aide et trop tard. Il se retira abandonnant 5,000 prisonniers, 3 drapeaux et 10 canons. A quelques lieues de là, à Skalitz, le 8e corps et le 6e cédaient, à peu près à la même heure, devant le choc furieux de Steinmetz, renforcé par le 6e corps, arrivé à sa suite, ainsi qu’il le devait faire après avoir accompli sa démonstration vers Neisse. Victorieux sur tous les points, les Prussiens continuèrent d’avancer le 29. Les premiers bataillons de la garde emportèrent Kœniginhof malgré l’héroïque résistance du faible corps autrichien qu’on y avait laissé, et furent rejoints bientôt par l’infatigable Steinmetz, qui venait, pour la troisième fois depuis trois jours, de battre les Autrichiens. L’armée du prince royal fut rassemblée dès lors. Le même jour, Clam-Gallas était forcé d’évacuer Gitschin. Dans la soirée, les avant-gardes du prince royal communiquèrent avec celles du prince Frédéric-Charles sur