nouvelle contre l’Autriche, et il n’eut d’abord d’autre résultat que d’effaroucher les partis sur lesquels s’était appuyé jusque-là le gouvernement prussien. La réforme, qui lui aliénait les conservateurs, ne lui conciliait point les progressistes. Le ministère semblait à ces derniers incapable de prendre en main la cause de la liberté. Le National Verein de Berlin, rassemblé le 12, se déclara pour l’annexion des duchés à la Prusse, mais sans violence, et vota une résolution à peu près identique à celle du comité des 36. « La Prusse, y était-il dit, n’acquerra le ressort nécessaire à sa mission historique, qui est d’unir l’Allemagne dans la force et la liberté, que le jour où le pays aura vu cesser le conflit parlementaire. » Des résolutions pareilles furent prises à Stettin, Magdebourg, Cologne, Minden, L’irritation était générale, plus vive encore en Prusse que partout ailleurs. Le gouvernement, pensait-on, ne cherchait la rupture que pour échapper aux embarras intérieurs; il jouait ainsi l’avenir de la nation pour mieux asseoir son despotisme. On ne pouvait croire à la neutralité de la France, et les défiances s’accroissaient des froissemens du patriotisme effrayé. De toutes parts, des adresses arrivaient à Berlin, protestant contre la guerre, qui trouvait à la cour même d’énergiques résistances. La haine à laquelle M. de Bismarck était alors en butte n’a eu d’égale que l’enthousiasme dont plus tard il a été l’objet.
La motion du 9 avril n’était guère plus sympathique aux cabinets qu’à l’opinion; mais, rendus responsables de l’échec d’une entreprise qui se disait nationale, ils devaient garder des ménagemens, et ils n’osèrent pas écarter franchement la proposition. La diète se réunit pour en délibérer le 21 avril ; il n’y eut, à proprement parler, de débat que sur des points de détail. La Prusse demandait le renvoi à une commission ad hoc ; la Saxe proposait de confier simplement l’examen de la question à la commission ordinaire des affaires politiques. L’envoyé d’Autriche déclara de nouveau qu’on n’avait point à craindre de la part de son gouvernement une violation de l’article 11, et se prononça pour la commission ad hoc. La majorité se décida en ce sens. La Prusse obtint en outre que la commission serait composée de neuf membres; mais l’Autriche insista pour que la communication et l’examen du projet de réforme eussent lieu avant la réunion du parlement. L’envoyé prussien s’y opposa, et quelques jours après, le 27, M. de Bismarck adressa aux agens de la Prusse en Allemagne une circulaire d’où il résultait qu’aux yeux de son gouvernement ajourner la convocation du parlement équivaudrait à rejeter le projet de réforme.
Tandis qu’il menait ainsi cette affaire. M. de Bismarck poussait vigoureusement la polémique sur les armemens, et chaque jour elle