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par un pédicelle. Tantôt elles présentent une coloration uniforme, tantôt des teintes éclatantes harmonieusement disposées. Certaines espèces, particulièrement les espèces exotiques, les papillons de l’Inde, des Moluques, de la Chine, sont véritablement superbes. « Passer la revue de ces espèces dans la collection de notre Muséum d’histoire naturelle, dit M. Blanchard, c’est se procurer le spectacle de toutes les élégances imaginables dans les formes et de toutes les merveilles du coloris. » Quant aux chenilles, elles sont en général aussi laides que les papillons sont jolis. Quelques-unes pourtant, celles qui sont lisses, présentent dans la structure une symétrie dont la grâce n’est pas entièrement à dédaigner, et sont teintées par places d’assez vives couleurs. Ce sont les plus favorisées. Presque toujours ces corps velus inspirent une sorte de répugnance, qui pour certaines espèces d’Europe est d’autant plus légitime que les poils aigus et faciles à détacher qui les recouvrent s’implantent dans votre peau quand vous les touchez et occasionnent d’assez gênantes démangeaisons.

La famille des bombycides forme dans l’ordre des lépidoptères un groupe nombreux et important. Les espèces qui le composent sont souvent très belles de couleur et de forme, et presque toutes sont douées d’instincts singuliers. Ainsi les femelles de plusieurs bombyx ont la faculté étrange d’attirer les mâles à une très grande distance. M. Jules Verreaux rapporte qu’étant en Australie il prit un jour une femelle d’une petite espèce de bombyx. Il l’enferma dans une boîte et la mit dans sa poche. Bientôt il se vit entouré d’un grand nombre de papillons mâles, qui l’escortèrent durant toute son excursion. Quand il rentra chez lui, il était suivi de plus de deux cents. La persistance de cette poursuite semble d’autant plus extraordinaire que les papillons y voient très mal, et qu’il leur arrive souvent, quand ils volent, de se heurter aux arbres, aux murs ; ils n’aperçoivent guère les obstacles qui se trouvent sur leur route. Toutefois ce n’est ni à l’éclat ni à la finesse de perception de certaines des espèces qu’elle renferme que la famille des bombycides doit d’avoir préoccupé au plus haut point l’attention des naturalistes. Ce qui lui a valu une pareille distinction, c’est celui de ses représentans qui a le moins brillant aspect, c’est une chenille terne, d’où sort un papillon grisâtre et lourd, aux ailes courtes, aux mouvemens gauches. Cette chenille est le bombyx mori, plus ordinairement désigné sous le nom assez impropre de ver à soie. Au moment de l’éclosion, cette chenille est brune ; puis elle devient d’un blanc grisâtre qui tire graduellement sur le jaune à mesure qu’elle approche du terme de sa croissance. Elle est munie sur le devant de trois paires de pattes courtes et articulées. On les retrouve plus tard dans