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dressés sur des terrains qui longeaient l’avenue Rapp; on les meubla avec des fournitures empruntées à la compagnie des lits militaires. Cette vaste hôtellerie improvisée logea au prix moyen de 1 fr. 25 c. par jour un grand nombre des délégués envoyés à Paris par les comités départementaux, par les chambres de commerce, par les nations étrangères.

Les rapports rédigés par les délégués des corporations ouvrières pour consigner les résultats de leurs visites au Champ de Mars sont au nombre de 120 environ. Ils doivent former trois volumes in-4o. La commission d’encouragement les publie en fascicules, de façon que chacun puisse acheter le rapport qui est relatif à sa profession. La réunion de ces documens forme, comme nous l’avons indiqué déjà, une masse assez indigeste, et c’est une grosse affaire que de les lire dans leur entier. Nous voulons du moins, en examinant quelques-uns d’entre eux, chercher les principaux enseignemens qu’on en peut tirer, car, ainsi que le dit le secrétaire de la commission d’encouragement dans l’introduction mise en tête des rapports, « quand l’ouvrier parle de l’outil qu’il manie, des procédés qu’il emploie, des propriétés de la matière qu’il travaille, de la machine à côté de laquelle il vit, quand il compare et juge les produits rivaux, qu’il raconte ses besoins et dépeint lui-même son existence, il est le plus intéressant des savans et des économistes. »

Nous pouvons rapporter à trois points principaux les données que nous présente l’ensemble des rapports. Nous trouvons d’abord des indications historiques; un certain nombre de délégués ont introduit dans leur travail des détails sur l’histoire de leur profession, soit dans les temps anciens, soit dans ces dernières années. En second lieu vient l’examen des produits exposés. C’est là que devrait se trouver l’intérêt spécial de la publication; mais le défaut d’art s’y fait vivement sentir, et on recule effrayé devant un amas désordonné de détails qui manquent souvent de précision et de clarté. Dans beaucoup de cas cependant, l’opinion des délégués ouvriers mérite d’être comparée avec celle des jurys d’examen, dont les travaux viennent d’être aussi publiés. Dans la troisième partie, nous placerons les considérations générales sur la situation des classes ouvrières. Les ouvriers ont exposé les maux dont ils souffrent et indiqué quelques-uns des remèdes qu’on pourrait y apporter. C’est, à vrai dire, le côté le plus intéressant de leur travail et celui qui doit surtout attirer l’attention.