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Le meilleur remède du mal, — comme les Américains le disaient fièrement, — était dans la vigueur du malade. Le travail de recensement publié par les soins de l’administration nous montre que de 1840 à 1850 la richesse publique s’est accrue de 89 pour 100. De 1850 à 1860, elle est montée de 27 milliards et demi de francs à 71 milliards et demi, sans tenir compte de la valeur de près de 4 millions d’esclaves, aujourd’hui libres. L’accroissement de la population durant cet intervalle avait été de 35 pour 100 tous les dix ans. Les hommes d’état américains se flattèrent que cette prospérité, cruellement éprouvée par la guerre, allait maintenant reprendre son mouvement ascensionnel. Ils se crurent donc autorisés à compter sur un accroissement proportionnel des recettes fournies par les impôts, et pensèrent qu’on pourrait par conséquent restreindre chaque année les taxes sans diminuer le chiffre des rentrées. Les événemens n’ont pas tout à fait donné raison à ces espérances. En 1866, on inscrivait en prévision dans le budget 1,500 millions de francs en dépenses et en recettes 2,175 millions ainsi répartis :


millions
Douanes 650
Contributions, intérieures 1,420
Divers 105
2,175 millions

Les dépenses montèrent plus haut qu’on ne l’avait prévu : elles atteignirent le chiffre de 1,730 millions de francs ; mais en revanche les recettes dépassèrent de beaucoup les résultats attendus. Elles s’élevèrent à 2,450 millions, savoir :


millions
Douanes 880
Contributions intérieures 1,330
Divers 240
2,450 millions

L’excédant des recettes sur les dépenses fut donc de 770 millions de francs. Quant au capital de la dette, le secrétaire du trésor, en échange de 3,730 millions de titres à courte échéance qu’il avait retirés de la circulation, avait émis 3,200 millions de titres nouveaux, principalement de titres 5-20, ce qui implique dans le cours de l’année un amortissement net de 530 millions de francs obtenu par cette simple conversion.

A première vue, ce résultat semble très brillant. Si l’on entre dans le détail, on s’aperçoit néanmoins que ces chiffres généraux ne montrent pas toutes les difficultés de la situation. Les recettes ont été en s’affaiblissant de trimestre en trimestre, et, si cette progression décroissante se maintenait, le budget suivant se solderait tout au plus en équilibre,