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oscilations respectives. Constamment le besoin de. se. procurer l’un. des deux métaux pour effectuer des paiemens dans les pays où il forme la base de la circulation fait rechercher les billets payables sur les places où ce métal constitue l’élément légal des échanges. Il en est ainsi du commerce anglais lorsqu’il achète du papier sur Hambourg pour effectuer des paiemens dans l’Inde ou dans l’extrême Orient. La variation du prix relatif des métaux précieux s’écarte peu du centre de gravité auquel la ramène le rapport légal fixé dans les pays où l’or et l’argent contribuent à former le système monétaire. Ce rapport constitue, pour ainsi dire, le pair du change entre l’or et l’argent. L’expérience accomplie depuis le commencement du siècle à travers les révolutions soudaines et profondes auxquelles a été exposée la production des métaux précieux fournit la démonstration décisive de ce phénomène, trop peu aperçu et trop peu mis en ligne de compte quand il s’agit des problèmes que soulève l’unité monétaire.

Si, au lieu d’avoir simplement affaire à une différence de métal ou à des inégalités de titre et de poids, on se trouve en présence d’une monnaie de papier à circulation illimitée et non convertible en or, tout calcul précis devient impossible ; le cours du change se trouve constamment exposé à la pression, des événemens extérieurs. La limite du change ne se rencontrera plus que dans la seule concurrence de ceux qui offrent ou qui demandent des traites sur l’étranger. Quand le billet de banque est convertible en or à première demande. et que cette conversion se trouve suffisamment garantie par le maintien d’une forte proportion de gage métallique, l’émission du papier faisant office de monnaie n’agit sur l’ensemble de la circulation qu’autant qu’elle peut en avoir outre mesure enflé la masse ou détérioré la qualité en provoquant une périlleuse exportation de métaux précieux. Il en est tout autrement quand on se trouve en présence du papier-monnaie proprement dit.

L’alternative de recevoir de l’or en échange du papier permet à la circulation mixte de se comporter à peu près comme le ferait une circulation purement métallique. Il faudrait que la portion des instrumens d’échange et de libération qui n’est pas échangeable contre le numéraire fût extrêmement limitée, il faudrait qu’elle excédât peu le mouvement habituel des caisses publiques, toujours prêtes à recevoir ce papier à titre d’anticipation sur l’impôt exigible, comme cela se pratique en Hollande et en Prusse, pour que l’ensemble des relations n’en éprouve aucune atteinte sensible. Quand au contraire un état obéré a recours à un pareil expédient, il est presque impossible qu’il s’arrête sur la pente. Il est si commode de se procurer gratuitement des ressources immédiatement