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question de la balance du commerce telle que la posait le système mercantile.

Il n’y a pas longtemps encore, dans la plupart des états, les engagemens à solder provenaient presque uniquement des importations des denrées, ou des produits manufacturés. Les recouvremens à faire se calculaient sur la somme des exportations analogues. Comme on imaginait que la masse des métaux précieux constituait seule la richesse véritable, chaque pays s’appliquait à les attirer et à les retenir ; l’étude des intérêts économiques se concentrait dans le soin attentif avec lequel on alignait la valeur des exportations et celle des importations, pour savoir si la balance du commerce penchait en faveur du pays ou si elle lui était contraire. Le cours du change servait de contrôle à ce calcul : quand les exportations étaient abondantes, le solde devait se résoudre en importation de métaux précieux. Beaucoup d’engagemens étant pris par les acheteurs du dehors, le cours du change témoignait de la direction future du courant métallique en permettant d’acheter à meilleur compte les effets sur l’étranger. C’est là ce qu’on appelait un change favorable. Au contraire, si le cours des effets sur l’étranger s’élevait, cela révélait un excédant d’importation, et le change était dit défavorable, car il pouvait provoquer l’exportation du numéraire. Cette locution doit être bien comprise, elle a pour objet non pas de définir l’avantage recueilli ou le dommage subi par le pays, mais simplement d’indiquer la situation par rapport à une marchandise spéciale, l’or, dont un excédant des importations peut déterminer la sortie, tandis que l’excédant des exportations en procure l’entrée. La balance du commerce prétendait donner la clé de la solution. Nous reviendrons sur ce point capital. Afin de pouvoir l’aborder en connaissance de cause, commençons par nous demander si les colonnes de chiffres qui remplissent les tableaux des douanes fournissent à cet égard des renseignemens satisfaisans, s’il suffit de connaître le mouvement des produits pour savoir la vraie situation des choses, enfin s’il n’existe point de marchandise particulière dont l’importance, à peine aperçue jadis, grandit chaque jour, et qui ne fait ni ne peut faire l’objet d’aucune mention dans les volumineux recueils destinés à relever les mouvemens du commerce extérieur.

On arrive aisément à reconnaître que la somme des engagemens internationaux admet nombre d’autres élémens que l’échange des produits. Elle comprend toutes les obligations contractées par une nation vis-à-vis d’une autre ou des autres, quelle qu’en soit l’origine, qu’il s’agisse de marchandises achetées, d’inscriptions de rente, titres d’actions, d’obligations, de règlement des profits, de frais de commission, en un mot de services de toute nature, ou de