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circonstances mieux éclaircies, elle est un peu affaiblie par l’épreuve acquise au moins jusqu’à présent que les correspondances, les journaux, les papiers intimes de Francis ne contiennent pas une révélation, un aveu, une allusion qui la confirme. Cette absence de tout témoignage émané de lui est une circonstance qu’on n’a pas manqué de relever, et peut-être la dernière publication a-t-elle en définitive plus ajouté à la notoriété qu’à la certitude de la théorie franciscaine, comme on l’appelle en Angleterre. La discussion s’est donc rouverte. La Revue d’Edimbourg appuie Francis, la Quarterly Review le combat, et un adversaire d’une sagacité redoutable lui est survenu dans M. Hayward. On ne peut exposer l’état actuel de la controverse sans résumer le contenu du nouvel ouvrage destiné à nous faire connaître définitivement Francis ; nous verrons ensuite ce qu’on en peut conclure.


II

Philip Francis était né à Dublin, le 22 octobre 1740, d’une famille anglaise et protestante. Son père était pasteur en Irlande ; mais, plus occupé de littérature que de théologie, tandis qu’il préparait ses traductions d’Horace et de Démosthène, il écrivait des brochures pour le gouvernement local. Protégé par le lord-lieutenant, lord Chesterfield, il revint probablement avec lui en Angleterre, où il s’établit. C’était un de ces ecclésiastiques assez communs alors qui vivaient pour le monde plus que pour l’église et s’occupaient plus de leurs plaisirs que de leur salut, qui fréquentaient le théâtre et composaient au besoin des tragédies. Le Dr Francis avait eu le malheur d’en faire deux. De là ses accointances avec la célèbre actrice Anne Bellamy, qui le présenta à Calcraft, dont elle tenait la maison. Calcraft était un de ces épicuriens politiques qui mènent de front les affaires d’argent et les affaires publiques. Alors attaché à la fortune du premier lord Holland, Henry Fox, un des trois secrétaires d’état du ministère du duc de Newcastle, ce fut lui probablement qui introduisit Francis à Holland-House. Fox fit du docteur son chapelain, sinécure oisive s’il en fut jamais, car l’ecclésiastique le disputait au politique pour la liberté de penser. Il borna son ministère à apprendre à lire à Charles Fox et à son frère, et donna des leçons de déclamation aux demoiselles de la famille. Comme il était fort lettré et descendait d’une famille héréditairement tory, il prêta le secours de sa plume au parti de la cour et se rendit utile à son patron, qui, en fin de compte, fit très peu pour lui.