Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 77.djvu/336

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

molle et efféminée. Sa mère travailla plus à former sa croyance que son esprit ou ses mœurs ; aussi fut-il toujours très catholique sans être jamais chrétien. »

« Je désirerais savoir le nom du moderne auteur français ; je n’ai pas jusqu’ici noté la citation comme un fil qui nous conduirait dans le labyrinthe de Junius. Elle ne me servirait qu’à constater que, comme dans tous les autres cas où Junius cite un livre anglais ou étranger, je trouve que Francis possédait tout livre ou toute brochure d’où la citation ou l’allusion était tirée. »


M. Parkes eut satisfaction. Je m’adressai au très savant et très obligeant bibliothécaire de l’Institut, M. Tardieu, et il trouva presque aussitôt que la citation indiquée était tirée de l’Histoire du Bas-Empire de Lebeau. Or cet ouvrage était précisément du nombre des livres français qui figurèrent dans la vente de la bibliothèque de Francis. L’histoire de Lebeau n’a jamais été beaucoup lue en France. Ce n’est pas en tout cas un livre assez célèbre pour avoir été fort répandu en Angleterre. Si elle se rencontrait dans la bibliothèque de Francis, c’est un hasard qui ne devait guère se répéter, et celui qui était seul à la lire et à la citer pouvait bien être seul à la posséder. Cette coïncidence au moins ne me paraît pas absolument sans valeur.

Je retrouve encore une lettre de M. Parkes dont on lira peut-être un fragment avec intérêt.


« Paris, 1er octobre 1860.

« Cher monsieur Rémusat, vous pouvez vous être attendu à entendre parler de moi plus tôt, soit par la publication de mes volumes projetés, soit par quelque lettre particulière. Étant à Paris depuis deux jours, je suis allé vous chercher, mais j’ai trouvé, ce que je craignais, que vous étiez à la campagne. L’achèvement de mon ouvrage a été retardé d’une manière inattendue, mais par une bonne fortune. Il y a quelques mois, ne laissant aucune pierre sans la retourner pour retrouver la trace de toute lettre ou de tout papier particulier de Francis existant à sa mort, j’ai eu vent de presque tout ce que j’avais en vain cherché depuis trois ans. J’ai obtenu par trois sources différentes d’inappréciables matériaux, retirés pour une partie d’une caisse laissée depuis des années dans le grenier d’un parent de la famille. J’ai aussi trouvé une vieille sœur de lady Francis qui vit encore en Yorkshire. De ces divers côtés, j’ai recouvré le journal du voyage en Italie de sir Philip Francis. J’ai aussi obtenu un journal presque quotidien et presque complet de ses actes publics dans l’Inde depuis 1774 jusqu’en 1780, puis des fragmens d’une autobiographie depuis sa jeunesse jusqu’en 1773, avec tout le détail de ses différends avec