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ENCORE JUNIUS

Memoirs of sir Philip Francis, with correspondence and journals, commented by the late J. Parkes, completed and edited by H. Merivale, 8 vol. ; Londres, 1867. — More about Junius, by A. Hayward, br., Londres, 1868.

Il y aura cent ans tout à l’heure que parut dans un journal de Londres la première lettre signée Junius, qui émut l’attention du public. Elle fut suivie de plus de quarante autres, protégées par le même nom. La dernière fut publiée trois années jour pour jour après la première (21 janvier 1769 et 1772). Pendant tout ce temps, ces lettres, successivement adressées aux hommes qui occupaient la scène politique, l’une d’elles au roi lui-même (et ce n’est ni la moins habile ni la moins hardie), avaient captivé, étonné les lecteurs par la sévérité des jugemens, la violence des attaques, la force du style, l’éclat du talent, et l’auteur était resté inconnu. De vagues soupçons avaient désigné plusieurs noms ; aucun soupçon n’avait été justifié, aucun même ne s’était soutenu. Des années s’écoulèrent, Junius ne reparut pas. Rien qui l’égalât ne vint le rappeler. On y pensa moins ; on cessa de rechercher qui il était. Excepté de quelques curieux, la question fut délaissée, et Junius et son secret étaient en voie d’être oubliés, lorsque après plus de quarante ans une édition bien faite de ses lettres, encore fameuses après qu’on avait cessé de les lire, vint ranimer la curiosité, à peine excitée par les éditions précédentes, absorbée par les plus grands événemens du siècle. Aussitôt les critiques, les chercheurs, se mirent à l’œuvre, et l’un d’eux crut avoir pénétré l’impénétrable