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hommes de sa profession les procédés récens de l’imprimerie et de la gravure, cette date est postérieure de deux ans à celle que porte la pièce originale (1491) conservée dans les archives de Sienne. Ailleurs, au mot Académie, il est dit que « le premier concours à Paris pour le prix de paysage eut lieu en 1827, » tandis que ce concours s’ouvrit en réalité dix ans plus tôt, en 1817. Enfin, si la table des matières omet absolument d’indiquer le temple de Bassæ, dont la description pourtant remplit plusieurs pages dans le corps de l’ouvrage, la partie de cette table qui termine le premier volume mentionne à tort le mot abside, puisque c’est seulement dans le volume suivant et au mot apside qu’on trouve un article sur ce sujet. Voilà de bien menues critiques sans doute ; mais n’ont-elles pas leur justification ou leur excuse dans l’autorité même et dans l’importance générale du travail ? Une œuvre d’aussi haute origine doit être de tout point irréprochable, et c’est encore témoigner son respect envers ceux qui l’ont entreprise que de leur signaler dès à présent quelques inadvertances dont une seconde édition effacerait aisément les traces.

Ces réserves une fois faites sur certaines lacunes que présentent les noms choisis et sur certaines imperfections tout accidentelles, il n’y a plus qu’à louer, dans le fond comme dans la forme, la franchise inaltérable, la calme précision avec laquelle chaque vérité est définie, chaque point de doctrine fixé, chaque question technique posée et résolue. Quoi de moins surprenant au surplus que cette sérénité de la pensée et du ton dans un ouvrage issu d’un pareil milieu ? L’Académie des Beaux-Arts n’est ni un parti ni une école dans le sens limité du mot, encore moins un groupe de talens en rivalité ou en lutte. Arrivés à la plus haute situation que des artistes puissent atteindre, les hommes qui la composent empruntent à leur élévation même une impartialité en face des opinions et des choses qu’on ne rencontrerait pas aussi sûrement chez ceux que préoccupent encore les progrès de leur propre réputation ou l’incertitude du succès. Confrères par l’esprit qui les anime au moins autant que par l’égalité du rang, les membres de l’Académie des Beaux-Arts s’accordent dans le désintéressement personnel, comme ils ont en commun le dévouement aux plus sérieux intérêts de l’art et le sentiment profond de sa dignité. De là, malgré la diversité de leurs origines et de leurs titres, l’ensemble avec lequel ils concourent au maintien des mêmes traditions, à la défense des mêmes principes ; de là l’unité de leurs vues dans la sphère des idées générales ou dans l’appréciation des faits historiques ; de là enfin ce dictionnaire que d’autres esprits n’auraient pu composer ainsi, ni d’autres mains écrire, parce que, outre le fonds de science qu’il exigeait, il fallait ici une indépendance de jugement à peu près incompatible avec la condition ordinaire des artistes, et dans l’exécution une habileté en dehors des procédés littéraires accoutumés. Le Dictionnaire de l’Académie des Beaux-Arts mérite donc à tous