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ÉTUDES
D’ÉCONOMIE RURALE

LE CANTON DE FLERS

Une société libre qui embrasse depuis trente-six ans les cinq départemens de l’ancienne Normandie et qui compte plusieurs milliers d’adhérens, l’Association normande, a tenu cette année ses assises à Flers, chef-lieu de canton du département de l’Orne, arrondissement de Domfront. Plusieurs journées se sont passées en fêtes. Exposition de bestiaux et de machines agricoles, exposition de produits industriels, exposition de tableaux, concours d’harmonie, distribution des prix, banquet, discours, fanfares, feu d’artifice, rien n’a manqué. La petite ville de Flers a dépensé quarante mille francs pour recevoir ses hôtes. La population est accourue de tous les pays environnans. Le préfet de l’Orne, accompagné de tous ses sous-préfets, est venu présider la distribution des prix. On se serait cru dans un important chef-lieu de département. C’est qu’en effet le canton de Flers fait exception, même en Normandie, pour la population et la richesse ; on peut le proposer au reste de la France comme une sorte de modèle.

Déduction faite des chefs-lieux de département et d’arrondissement, la France se divise en 2,500 cantons qui se partagent 50 millions d’hectares et 25 millions d’habitans, soit en moyenne 50 habitans par 100 hectares. Le canton de Flers a 12,700 hectares et plus de 25,000 habitans, soit 200 habitans par 100 hectares. La population y est donc quatre fois plus condensée que dans la moyenne de la France. Il n’y a que le département du Nord qui présente une agglomération supérieure ; l’arrondissement de Lille, un des pays les plus peuplés du monde, compte 600 habitans par 100 hectares, avec des cantons tels que Roubaix et Tourcoing. À part cette région populeuse, le canton de Flers peut