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le conseil-gênéral de la Seine, la ville de Paris, accordent des bourses. Quant au programme de l’enseignement, il est assez complet. L’élève, en même temps qu’elle reçoit une sorte d’éducation classique, apprend un art utile, le plus souvent un de ceux qui se rapportent au dessin, tels que l’ornementation, la tapisserie, la broderie, la fabrication des fleurs artificielles, — art charmant, des plus propres à la femme, et dans lequel il importe à notre pays que nous ne soyons pas dépassés, — quelquefois la peinture, en particulier la peinture céramique sur porcelaine, sur émail et sur faïence, la gravure sur bois et sur métaux. On a compris que les cours ordinaires ne suffisaient pas pour faire une artiste. On y a joint un « cours supérieur d’études pratiques, » que les jeunes filles bien douées, une fois leurs études finies, peuvent suivre durant quatre années. Notre-Dame-des-Arts attend encore sa bibliothèque et son musée, et ne sera guère qu’à ce prix « le chef-lieu de l’enseignement de l’art pour les femmes. » Dès aujourd’hui cependant, il est au pouvoir de tous ceux qui s’occupent de l’industrie dans ses rapports avec l’art de profiter du développement de cette école, d’y aider même dans une certaine mesure. Les sociétés des départemens et des villes, les chambres de commerce, les chambres des arts et manufactures, pourraient à cet effet fonder quelque bourse en faveur d’élèves d’écoles primaires ou d’écoles d’art locales. On ne ferait que suivre en cela l’exemple qui nous est donné par l’Angleterre. Ce n’est pas en ceci seulement que nous imiterions nos voisins d’outre-Manche, s’il est vrai que d’un côté l’on nous prépare, — ce que nous ne désirons point, — un département de l’art appliqué à l’industrie, autrement dit un centre « d’encouragement, » s’il est vrai qu’en même temps, éclairés sur leurs propres intérêts et poussés par les idées de self-government qui se font jour de tous côtés, quelques individus, réunis en associations, songent à multiplier les écoles primaire d’art, et à établir, comme on l’assure, une école centrale pour l’enseignement supérieur des artistes industriels.

Il faut le dire, en France jusqu’ici, l’éducation d’art s’est à peu de chose près arrêtée aux villes. On en signale l’utilité, la nécessité même ; on va jusqu’à assimiler le parti que les garçons peuvent tirer du dessin dans les écoles primaires des villes à celui que les filles dans les écoles rurales tirent des premières notions de couture. On ne peut méconnaître la vérité de cet aperçu, il faut en tenir compte et en prendre note ; on doit même, à notre avis, se demander s’il n’y a pas lieu d’aller plus avant, si la vulgarisation des élémens du dessin ne peut pas arriver jusqu’aux populations des moindres bourgades. « La perfection des divers procédés du moulage, disent les rapports officiels, permet de réunir sans de trop