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étudians des écoles d’art entrent quelquefois à l’école normale avec une subvention qui s’élève jusqu’à 50 francs par semaine. Ce sont en général ceux qui se destinent à être dessinateurs de fabrique ou artistes industriels. Nous ferons remarquer que les études même d’anatomie humaine ne sont point interdites aux femmes, et que, malgré la rigueur de certains préjugés passés dans les mœurs, elles peuvent suivre librement ces cours. Nous ne savons point que, malgré la supériorité que nous nous croyons si fermement acquise en matière de goût et de science des choses de l’art, un semblable enseignement ait été accordé aux femmes dans aucune école de notre pays.

À toutes ces études diverses, qui embrassent dans la pratique tout ce que des artistes spéciaux ont besoin de savoir, il fallait un centre de collections, un musée. La National Gallery et le British Museum ne satisfaisaient pas plus à cette nécessité que ne le feraient chez nous les galeries du Louvre. Ils ne fournissaient ni un enseignement par les yeux, ni des matériaux de travail directement utiles aux élèves de certaines écoles professionnelles. On a accepté les devoirs qu’imposait la situation, on a pourvu largement à tout. Le musée de South-Kensington renferme les objets qui se rapportent à l’histoire, à la théorie, à la pratique de l’art décoratif. On y a réalisé en grand ce qu’a tenté en France, il y a quelques années, l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie. Seulement les fondateurs de l’Union centrale, n’ayant à leur disposition que d’assez faibles ressources, n’ont pu qu’ébaucher leur œuvre. À Kensington, le musée a reçu son organisation entière. Il ne peut que s’accroître et s’enrichir par des acquisitions et des donations successives. C’est ainsi, on l’annonce déjà, qu’on y a formé une collection de peintures à l’aquarelle, genre auquel les Anglais se sont adonnés depuis longtemps avec succès. Dès maintenant les collections renferment tous les élémens essentiels : La sculpture, la peinture ornementale, la gravure, les émaux, les laques, la céramique et la verrerie, les bijoux, le travail des métaux, les armures, les tissus qui servent aux vêtemens du riche et du pauvre sont représentés en même temps que les dessins d’après lesquels les ouvriers exécutent leurs ouvrages.

Tandis qu’on croit encore chez nous qu’il est impossible de, donner autrement que par la photographie aux élèves des villes qui n’ont que quelques milliers d’habitans une idée des plus belles œuvres plastiques du génie humain, les Anglais, sans tourner longtemps autour du problème, l’ont résolu. Le comité de South-Kensington a franchement abordé la question. Il a cherché et trouvé les moyens pratiques d’établir des expositions dans les villes, même