complet et plus étendu que celui que les écoles avaient donné d’abord. L’école normale d’art national, art training school, a été ouverte pour les hommes et pour les femmes. Les cours, suivant le programme, y ont pour but de donner aux professeurs des deux sexes « des connaissances qui leur servent à développer l’application de l’art aux usage communs de la vie, aux besoins du commerce et des manufactures. » Ainsi voilà des tendances nettement définies ; ce n’est nullement du grand art qu’il est ici question, c’est de l’art susceptible d’une application professionnelle immédiate. Des cours particuliers tendront même à donner aux maîtres d’école de paroisse et d’autres établissemens qui correspondent à peu près à nos écoles primaires le moyen d’enseigner le dessin élémentaire, « comme une portion de l’éducation générale, concurremment avec l’écriture. » Il y a là toute une réforme des matières et des procédés d’éducation. Cette réforme n’est pas annoncée à grand bruit. Elle n’en a pas moins une sérieuse signification. La proposition discrète d’enseigner le dessin concurremment avec l’écriture pourrait être chez les législateurs de nos écoles, s’ils veulent s’y arrêter un instant, l’objet de quelque réflexion ; nous nous contesterons d’éveiller l’attention sur ce point.
Les élèves qui veulent devenir maîtres dans les écoles d’art, après avoir fait preuve de certaines connaissances, sont admis gratuitement, quand il se présente des vacances. Dès qu’ils ont le certificat du premier degré, ils peuvent obtenir des secours qui les aident à vivre en même temps qu’ils étudient, et qui s’élèvent à près de 20 francs par semaine. En retour, on leur demande certaines compensations. D’abord ils doivent s’engager à accepter les positions qui leur seront offertes comme professeurs, ensuite pour divers travaux ils suppléent les professeurs eux-mêmes. Accordés pour une session seulement, c’est-à-dire pour six mois, les secours sont, autant qu’il est nécessaire, renouvelés. Comme avec raison on tient également à former des professeurs de l’un et de l’autre sexe, des femmes reçoivent quelquefois la même somme pendant deux ou trois ans, pour arrivera obtenir le diplôme de troisième classe. Le programme offre en effet un ensemble assez compliqué pour exiger beaucoup de temps, et pour rebuter ceux qui se voient livrés à leurs propres ressources et qu’il importe d’encourager. Les études comprennent vingt-trois degrés, qu’on a divisés en six groupes. Elles partent du dessin élémentaire, embrassent la perspective, puis l’anatomie du corps humain, et aboutissent à la peinture, à la sculpture. à l’architecture, non pas à celle des monumens publics, mais aux constructions particulières et à l’ornementation industrielle. A chaque diplôme obtenu, des appointemens sont attachés. Les