Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 77.djvu/1004

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et le génie de la race qui le cultive. La production est à bas prix, rien n’est négligé de ce qui peut aider au développement du goût et à la vulgarisation des notions primaires de l’art. L’instruction est donnée à tous avec une largesse au moins égale à celle de la plupart des autres pays allemands. Encore a-t-on craint que le dessin, celui que réclame l’industrie, ne fût pas à la hauteur des autres branches de l’éducation. On a constitué une commission composée de membres du conseil royal de science et du conseil royal pour le commerce. Cette commission se gouverne elle-même, et a été investie de la plus complète indépendance. Son action n’est assurée non plus par aucune loi. Elle parvient d’une façon officieuse, à peu près de la même manière que le conseil de Kensington le fait officiellement, à établir l’unité dans l’enseignement du dessin par tout le royaume. Elle a soin à cet effet de se plier autant que possible aux convenances locales, et donne une grande attention aux écoles communales. Les écoles de villes et de villages sont au nombre de plus de cent, et dispensent à huit mille ouvriers ou apprentis les notions du dessin industriel. On a fort remarqué en 1867 l’exposition collective de quarante-six de ces écoles. Le jury n’a pas cru devoir faire moins que de leur accorder une médaille d’or. Dessins, figures ou académies d’après l’estampe ou d’après la bosse, moulage d’après nature ou d’après le modèle, esquisses de papiers peints, spécimens d’orfèvrerie, les envois indiquaient presque tous que la direction est intelligente et que les résultats sont bons.

Sur la même ligne que le Wurtemberg, et beaucoup en avant de la Prusse, vient se placer la Bavière. Si Leipzig dépasse Berlin, Munich et Nuremberg ne sont pas en arrière de Leipzig. En beaucoup d’endroits, les cours pour les enfans, les apprentis, sont complètement gratuits. Des artistes distingués ne dédaignent pas de s’occuper de petits livres d’images, et les murs des écoles sont ornés de toute sorte de tableaux propres à faciliter l’éducation par les yeux. L’enseignement du dessin dans les écoles professionnelles, telles que celle de Beschtesgaden, qui s’occupe spécialement du dessin dans ses rapports avec l’industrie, n’est pas moins développé. Là se forment en grand nombre ces artisans dessinateurs ou sculpteurs sur bois dont les œuvres rappellent les morceaux des imagiers du moyen âge, — travaux patiens et habiles dont ces ouvriers artistes ne seraient point capables sans l’étude à laquelle ils se sont livrés. L’école de Nuremberg, qui se trouve au centre de ce commerce spécial, est une école d’arts et métiers : l’enseignement y est assez élevé déjà ; nous ne pouvons ici que la mentionner, car elle n’appartient pas à l’enseignement populaire. Les élèves en sortent avec une force notable et sont aussi près de l’artiste qu’il est à désirer