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dernière partie semble très propre à être adoptée dans la plupart de nos cours de dessin. On regrette de n’y pas voir figurer un exercice adopté dans quelques-uns de nos cours d’adultes, le dessin de mémoire, la reproduction de souvenir d’un objet d’abord crayonné d’après un modèle. C’est là une des plus utiles habitudes qu’on puisse faire prendre au dessinateur capable d’une attention soutenue. La plupart de ceux qui s’y livrent y trouvent un premier acheminement vers le travail réputé si difficile de la composition des modèles dont ils ont besoin dans leur profession. Les classes du dimanche ne sont ni obligatoires ni gratuites en Prusse ; on pense que l’élève s’attache davantage aux études qui lui ont coûté quelque chose et qu’il doit acheter de quelques sacrifices d’argent. Seulement la contribution n’est pas lourde, on lui fait payer seulement un franc par trimestre. Quant aux résultats obtenus, on ne peut que constater qu’ils sont inférieurs à ceux que nous ont montrés plusieurs pays allemands, le Wurtemberg et la Saxe en particulier. Écoles communales de garçons ou de filles, écoles secondaires, n’ont guère de travaux sérieux que dans le dessin linéaire, de mécanique ou de construction. Pour le dessin proprement dit, le trait est mince, peu expressif, plus maladroit que sincère ; il indique mal les reliefs, les ombres sont molles ou surchargées d’effets. Ni les paysages, ni les fleurs, ni les ornemens, n’échappent à ces reproches. Les professeurs ne semblent pas se rendre compte de ce qu’ils doivent chercher. Ce n’est pas pour la situation florissante de l’enseignement du dessin que l’instruction primaire, de Prusse a obtenu une médaille d’or en 1867.

Bon nombre de pays allemands mieux placés que la Prusse au point de vue industriel font les plus grands sacrifices pour aider par le perfectionnement du dessin à une amélioration des produits dont ils font commerce. On sait en effet aujourd’hui qu’à une époque et dans des états où l’on est exposé à se réveiller libre échangiste sans le savoir après avoir été longtemps couvert par des lois dites protectrices, l’avenir industriel est aux peuples qui, sans trop grande infériorité de goût et avec un enseignement d’art assez développé, ne sont pas d’ailleurs trop écrasés d’impôts. Ceux chez lesquels la vie est à meilleur marché, où la main d’œuvre par conséquent n’atteint pas des prix exorbitans, sont dans des conditions particulièrement favorables pour se ménager la victoire finale. Le Wurtemberg est à ce point de vue l’un des pays d’Allemagne les plus avancés en tout ce qui touche à la satisfaction générale des besoins physiques et intellectuels, l’un de ceux où l’absence de prétention aux gloires militaires a permis de développer lentement, mais sûrement, toutes les ressources que donnent le sol