Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 76.djvu/876

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terre. Ce système fut en hostilité avec celui des Indiens, et l’antagonisme fut d’autant plus ardent que le fonds des doctrines tendait à unir deux peuples que leur constitution politique et sacerdotale tenait séparés. Le système médo-perse, affaibli, mais non détruit par Alexandre le Grand, dura jusqu’à l’invasion musulmane ; ses derniers représentans se réfugièrent dans l’Inde, où on les trouve encore aujourd’hui. On peut dire du magisme ce que nous avons dit du brahmanisme : ce n’est pas une religion, c’est un système politique. L’Avesta ne contient la religion primordiale qu’à la condition d’être dégagé des élémens monarchiques que la politique médo-perse y a introduits. Parmi ces élémens, il en faut compter plusieurs qui sembleraient être d’une nature religieuse, si nous ne possédions dans le Vêda l’état antérieur et vrai de la doctrine commune : de même en effet que le système féodal de l’Inde imprima une forte tendance vers le polythéisme à la religion des brahmanes, de même le principe monarchique de la Perse induisit les mages à concevoir Dieu comme un être séparé et personnel, ayant au-dessous de lui des ministres et des légions d’anges de plusieurs degrés.

Quand vint le christianisme, cinq ou six siècles après le Bouddha et Cyrus, il fit en Occident une révolution analogue au bouddhisme, mais dans d’autres conditions. Si l’on étudie les dogmes, les rites, les symboles chrétiens, et si on les compare à ceux de l’Orient, on est étonné, je ne dirai pas de la ressemblance, mais de l’identité qu’on y découvre. Un examen plus attentif de ces grandes religions prouve qu’elles ont tiré d’une source commune la théorie fondamentale sur laquelle toutes reposent également. Il n’est pas douteux en effet que la théorie du Christ, de beaucoup antérieure à Jésus, puisque dans la Bible ce nom est déjà donné à Cyrus, ne soit aryenne et identique à celle d’Agni dans le Vêda. Il en est de même de celle de Dieu le père, le même que Sûrya (le Soleil) et ensuite que Brahma, et de celle du Saint-Esprit, que l’étude la plus élémentaire permet de reconnaître en Vâyou. Tout le reste de la métaphysique chrétienne est aussi dans le livre sacré des Indiens, avec les rites, les symboles et la plupart des légendes admises par toute la chrétienté. Du reste ces mêmes élémens communs se retrouvent dans l’Avesta, mais moins purs qu’ils ne le sont dans les hymnes védiques, et déjà recouverts d’un vêtement nouveau. On ne peut donc pas raisonnablement douter que le christianisme ne soit la religion aryenne elle-même, venue d’Asie au temps d’Auguste et de Tibère, quelle que soit d’ailleurs la manière dont elle a été introduite, promulguée et vulgarisée.

Dès son aurore, elle se fit reconnaître par les adorateurs d’Ormuzd : la belle légende des mages venant adorer l’enfant