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Mosaïques, camées, gravures sur pierre dure, taxidermie, céroplastique, ce sont là les travaux où excellent les Italiens, artisans parfaits quand ils font un métier d’artistes. On n’en saurait douter, si l’on a vu leurs meubles exposés l’an dernier à Paris : ce ne sont pas des menuisiers, ce sont des architectes et des ornemanistes pleins d’imagination et de goût qui semblent en avoir combiné les lignes, nuancé les couleurs, varié les guirlandes et les figurines. Gênes et Turin sculptent des stalles de confessionnaux et des buffets d’orgue ; les meubles de Milan sont d’une rare élégance, et même les humbles chaises de Chiavari se distinguent par la légèreté. Les produits de Santa-Maddalena (c’est le nom d’une rue de Gênes), jolies cassettes et autres menus objets en figuier verni, ont fait le tour du monde. Les artisans de Sorrente ont le don de fouiller délicatement le bois d’olivier ou de citronnier, dans lequel ils enchâssent de petites mosaïques figurant des lazzaroni, des pêcheurs, des tarantelles ; mais c’est toujours Sienne qui s’entend le mieux à sculpter le bois ; elle n’a point négligé cet art, que portèrent si loin les deux Barili, aux XVe et XVIe siècles. Viennent ensuite les faïences, qui après un long oubli sont de nouveau à la mode. Ce sont des patriciens, les Ginori, qui ont relevé la céramique à Florence. Ils font des antiques qui trompent les plus fins connaisseurs, et ils donnent pour 200 francs tel objet qui, plus vieux, en vaudrait 2,000. On a vu à Paris l’an dernier leur collection de services de table, d’aiguières, de corbeilles, de grands vases où s’enroulent des serpens formant les anses, un large coffre à pans et couvercle d’ébène tout garni de maïolique moderne : couleurs pâlottes et sujets vieillots, disaient les mécontens, qui auraient trouvé les sujets nouveaux et les couleurs éclatantes, si ce même coffre avait eu quelques siècles et fût venu d’Urbin. Ce genre d’industrie prospère dans toute la péninsule, où les fours à plâtre et à chaux, les tuileries et les poteries emploient plus de 51,000 ouvriers. Naples fait carreler en briques peintes et vernies les chambres de ses maisons, et fabrique pour les étrangers de superbes vases étrusques. Les artistes siciliens pétrissent des figurines d’argile représentant des types et des costumes nationaux. Nous avons déjà rencontré les plâtriers de Lucques ; ils font des statues poulies pauvres gens. Le mot même de faïence est un hommage rendu aux Italiens ; c’est à Faënza, petite ville des anciens états romains, que fut inventée la maïolique.

Ce peuple excelle dans tout ce qui touche aux arts. Il sait sculpter la lave et le corail ; il est né joaillier, orfèvre. On connaît les ouvrages en filigrane d’or ou d’argent qui sortent des ateliers de Gênes et de Turin, les dorini de Saluces ou d’Asti, grosses perles