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LETTRES
D'UN VOYAGEUR
A PROPOS DE BOTANIQUE


III

Puisque ces lettres, toujours commencées avec l’intention d’être particulières, ont pris chacune un développement qui me les a fait croire propres à être publiées, et puisqu’en leur donnant le titre de Lettres d’un voyageur j’ai cru leur conserver le ton de modestie qui convient à des impressions toutes personnelles, il est temps peut-être que je les accompagne d’un mot de préface et d’explication.

Sommé plusieurs fois, par la bienveillance et par l’hostilité, de reprendre ce genre de travail qu’on disait m’avoir réussi jadis dans la période de l’émotion, je n’ai cédé, je l’avoue, qu’au besoin de me résumer un peu, et je n’ai point du tout cherché à mettre le passé de ma vie intellectuelle d’accord avec le présent. J’ignore si, dans des régions plus élevées que celle où je promène cette vie un peu aventureuse et toujours sincère, les penseurs se croient forcés. d’expliquer leurs variations. Moi, j’ai la simplicité de regarder les miennes comme un progrès, et je n’attache pas assez d’importance à ma personnalité pour ne pas lui donner un démenti quand je pense qu’elle s’est trompée. Il y a des personnalités susceptibles qui répondent par un soufflet a ce démenti. C’est quand la personnalité nouvelle, vendue à quelque intérêt humain, s’efforce de