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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 juillet 1868.

La session législative vient de se clore. À travers les intermittences et les langueurs qui ont marqué cette laborieuse étape parlementaire, rien n’aura manqué pour relever la session qui s’achève, ni la gravité des circonstances dans lesquelles elle s’est déroulée, ni l’ampleur et l’animation des débats qui se sont succédé, ni l’importance des questions qui ont été agitées, ni même la moralité qui se dégage invinciblement de cette sérieuse renaissance de l’esprit de contrôle. Depuis que le second empire est sorti tout armé d’un tourbillon de réaction, et a refait le régime politique de la France, jamais nos chambres n’étaient restées si longtemps réunies. La constitution de 1852, dans sa prévoyante sollicitude pour notre tranquillité, n’avait donné que trois mois aux travaux législatifs. La session qui finit a duré près de neuf mois, et dans cet intervalle que de questions ont été débattues, que de discussions sérieuses, passionnées, auxquelles le décret de 1860 a rendu leur physionomie expressive et vivante ! Dans cet espace de neuf mois, le cours naturel des choses a rassemblé tout ce qui était fait pour remuer et intéresser le pays. La réorganisation militaire de la France a été sanctionnée, et elle est aujourd’hui en pleine exécution. Les promesses du 19 janvier 1867 sont devenues les modestes réalités de 1868 par le vote de la loi sur la presse et de la loi sur les réunions publiques. Notre situation économique tout entière a été l’objet d’une enquête ouverte en plein parlement, poursuivie avec une verdeur inattendue, et après le régime commercial c’est le système des chemins de fer qui a eu son tour, et après l’histoire de nos voies ferrées ou de nos industries c’est l’histoire même de nos finances qui est venue avec le budget, ce grand et coûteux résumé de la situation du pays. Quand tout a été passé en revue et qu’on croyait déjà ce beau feu parlementaire épuisé, lorsque cette session semblait se traîner vers sa fin sous l’accablement d’une température énervante, voilà au