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plus curieux. Au lieu de cacher simplement, comme les autres coprophages, dans une bouse de vache ou dans quelque petite cavité l’œuf qu’elle vient, de pondre, la femelle de l’ateuchus l’entoure avec précaution d’un peu de fumier et roule ensuite cette petite masse sur le sol avec ses pattes postérieures. Elle a bientôt formé une boule solide et bien feutrée, dont l’œuf occupe le centre. Il s’agit maintenant de l’enfouir. L’insecte a déjà fait choix d’un endroit où la larve, à peine éclose, pourra trouver à vivre. C’est vers ce point qu’elle se dirige, poussant cette boule devant elle. Rencontre-t-elle un obstacle, elle place l’œuf sur sa large tête pour passer outre. Si l’entreprise dépasse ses forces, elle va chercher du renfort. Ou la voit s’envoler et revenir bientôt avec quatre ou cinq ateuchus qui l’aident à soulever le précieux, fardeau et à le remettre en bonne voie. Quand l’œuf est enfin parvenu dans un lieu propice, l’industrieuse femelle creuse une fosse avec ses pattes antérieures, qui lui servent de bêche ; elle y dépose l’œuf, puis le recouvre de terre, et, balayant le sol avec ses pattes postérieures garnies d’une brosse, fait disparaître avec soin les traces du trou qu’elle vient de refermer.

Nous arrivons à la tribu des mélolonthines, celle à laquelle appartient le hanneton ordinaire, en entomologie le melolontha vulgaris. Il peut être regardé comme le type de cette tribu ; il en est aussi le représentant le plus redoutable. Quelques autres espèces de mélolonthes de nos contrées dévorent aussi les feuilles des arbres. et à l’état de larve rongent les racines des plantes ; tels sont les rhizotrogues de printemps et d’automne, qu’on voit voler le soir dans les avenues plantées d’ormes. le gros hanneton foulon, brun, couvert de menues écailles blanches irrégulièrement disposées, qui se rencontre dans le voisinage de la mer. Aucun de ces insectes toutefois n’est assez répandu pour être très nuisible. Il n’en est pas de même du hanneton ordinaire. Dans certaines années, on en voit apparaître au mois d’avril des quantités vraiment prodigieuses. Ils ne terminent leur carrière que vers le mois de juin, et pendant tout ce temps rongent les feuilles de divers arbres, érables, peupliers, bouleaux, hêtres, chênes. Ils semblent accorder une préférence marquée au feuillage ou même aux fleurs et fruits de l’orme : de là le nom de pain des hannetons donné dans les campagnes aux organes de floraison et de fructification de l’orme commun. Souvent des forêts sont entièrement dépouillées par eux dès les premiers mois de printemps. Cependant le mal que les hannetons font aux arbres ne peut encore être comparé à celui qu’ils ont déjà fait aux récoltes, lorsqu’ils habitaient sous terre à l’état de larves, rongeant les racines des plantes fourragères et des céréales. Les diverses métamorphoses souterraines de ce coléoptère embrassent en