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dans une coque ovoïde à parois épaisses construite avec des détritus agglutinés. On trouve encore très fréquemment dans nos jardins deux cétoines plus petites et moins brillantes, la cétoine piquetée, brune et tachetée de blanc, la cétoine hérissée, qui est rousse et couverte de longs poils. Dans les chaudes régions de l’Afrique, dans l’Inde, les Moluques, les îles de la Sonde, vivent des cétoniines d’une beauté remarquable, comme le goliath de Drury ou le goliath cacique, sortes de géans parmi les insectes de cette tribu.

Toutefois c’est dans la tribu des scarabéines, subdivision de la famille des scarabéides, que se rencontrent les plus gros des coléoptères. Les scarabéines sont des insectes au corps lourd, aux mandibules puissantes, aux mâchoires garnies de dents. Les mâles sont en général pourvus de cornes de formes diverses dont on n’a pu jusqu’ici deviner la destination et qui leur donnent un aspect étrange. Le scarabeus hercules, assez commun chez nous, est bien connu de tout le monde. Il est noir, luisant, tacheté de brun ; le prothorax et le front du mâle portent chacun une très longue corne. Le type des scarabées de notre pays, dépourvus de dents aux mâchoires, est l’oryctes nasicornis, vulgairement désigné par les noms de rhinocéros et de nasicorne. Sa larve, plus volumineuse que celle du hanneton, vit dans les vieux troncs de chêne, dans les arbres abattus, et se nourrit de substance ligneuse. Dans les forêts de l’Inde et de l’Amérique du Sud, où les gros scarabées abondent, ils s’acquittent très énergiquement de la fonction qui semble leur avoir été dévolue de désagréger le bois mort. Les élémens solubles ou gazéiformes qui s’y trouvaient engagés en combinaison peuvent, grâce à eux, se répandre dans l’air ou pénétrer dans le sol, afin de fournir de nouveaux alimens aux organismes végétaux et animaux. Les insectes contribuent évidemment de cette manière à équilibrer les forces destructives et créatrices qui président au renouvellement de la vie à la surface du globe. Il leur arrive aussi, en remplissant ce rôle, de devenir très gênans pour l’industrie humaine.

Dans la tribu des coprines, il faut citer les ateuchites, dont les instincts singuliers avaient sans doute fort émerveillé les Égyptiens, car on retrouve sur les plus anciens monumens de la terre des pharaons, figuré en amulettes, placé dans des sarcophages, l’aleuchus sacré, pour lequel les peuples des bords du Nil professaient une grande vénération. C’est un insecte tout noir, de trois centimètres de long à peu près. Ses élytres sont finement découpées, et ses jambes de devant sont armées d’une forte denture. Les deux pattes postérieures, beaucoup plus longues que les quatre autres, complètent ses instrumens de travail. Les soins qu’il prend pour assurer la conservation de ses œufs et le développement des larves sont des