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LA
POLITIQUE DES OUVRIERS

ASSOCIATION INTERNATIONALE DES TRAVAILLEURS.

Il s’est établi parmi les ouvriers, il y a deux ans de cela, un courant d’agitation dont nous avons déjà parlé[1], et qui a persisté au milieu d’incidens curieux. Diverses causes ont servi à l’entretenir, la liberté des coalitions et les grèves qui en sont issues, les conférences où le taux des salaires était en jeu, les sociétés coopératives et les débats dont elles ont été l’objet, enfin et surtout l’existence d’un groupe qui, après s’être constitué à Londres et à Genève sous le nom d’Association internationale des travailleurs, maintient à Paris l’un des sièges de ses opérations malgré des poursuites redoublées. Ce mouvement, instructif par lui-même, emprunte un intérêt de plus à des circonstances prochaines. Nous voici à la veille d’un appel au suffrage universel et de la redoutable énigme que de loin en loin il pose. N’est-ce pas dès lors le cas de savoir au juste ce que pense le peuple des ateliers, où son tempérament le porte? Aucun symptôme n’est à négliger dans cette recherche; mais mieux vaut pourtant, au lieu de conjectures, rencontrer des actes où il serait en nom et qui exprimeraient la pensée commune. Tel est le caractère des documens dont nous allons nous appuyer et qui, livrés à une notoriété judiciaire, n’ont pas essuyé de désaveu. On y

  1. L’Économie politique des ouvriers. — Revue du 1er novembre 1866.