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lacune dans la démonstration de Harvey. Avec le secours du microscope, l’anatomiste de Bologne vit le sang, chassé par le cœur, circuler dans les vaisseaux des organes respiratoires et passer des artères aux veines en traversant la multitude de petits canaux que l’on nomme les capillaires. Sur le mésentère des mêmes animaux, le ravissant spectacle de la circulation du sang s’offrit à sa vue d’une façon plus frappante encore. N’était-ce pas un vrai triomphe d’avoir pu contempler un si beau phénomène, l’une des plus belles manifestations de la vie ?

Malpighi, le premier, s’occupa sérieusement de la structure des principaux viscères, et, s’il a commis des fautes, il a procuré néanmoins la connaissance de plusieurs faits remarquables. Dans l’impossibilité de donner un aperçu de son œuvre entière sans entrer dans de longs détails, c’est à l’indication de quelques résultats considérables que nous voulons nous borner. Le rein, véritable filtre, présente une admirable structure. De nos jours, on fait beaucoup de préparations microscopiques, surtout en Angleterre et en Allemagne, à l’usage des personnes qui veulent prendre une idée des particularités les plus curieuses des corps organisés. Les préparations qui mettent en évidence la structure des reins sont de celles dont tout observateur se montre le plus émerveillé. Les vaisseaux sanguins ayant été remplis par une injection colorée avec du carmin, on coupe des tranches de l’organe aussi fines que possible. Quand une de ces tranches est placée sur une lame de verre et emprisonnée au milieu d’un vernis transparent sous un verre très mince, la préparation est complète. Sous le microscope apparaissent de petites glandes toutes pareilles les unes aux autres, chacune consistant en un tube étroit terminé à l’une des extrémités par une petite ampoule où se loge une pelote de vaisseaux sanguins. Ces vaisseaux étant rendus parfaitement distincts, par l’injection rouge, les contours des glandes se dessinant avec une netteté irréprochable, l’ensemble est d’un effet charmant qui échappe à toute description. Pendant la vie, les vaisseaux sanguins abandonnent le liquide qui doit être expulsé, et celui-ci passe dans les petits tubes désignés par les anatomistes sous le nom de canalicules urinifères, pour être conduit dans le canal commun, l’uretère, et aboutir à la vessie. Toutes ces choses n’ont pas été connues de Malpighi, mais il a signalé l’existence des petites ampoules, et pour consacrer le mérite de cette découverte les petites ampoules ont été nommées les corpuscules de Malpighi. On s’était toujours imaginé que l’épiderme était noir chez les nègres; Malpighi a montré l’erreur. Les habitans de l’Afrique ont l’épiderme aussi blanc que celui des Européens. Leur couleur est due à la présence d’un pigment noir ou