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tré par ses recherches sur la génération des animaux, Borelli, le médecin mathématicien, les anatomistes danois Sténon et Bartholin, l’un et l’autre fixés en Italie, montra une grande activité. Elle avait la protection de Léopold de Médicis, le frère du grand-duc Ferdinand II; mais Léopold mourut en 1665, et l’Accademia del cimento cessa d’exister. Les sociétés savantes d’Italie ne pouvaient vivre sans avoir de hautes protections.

L’Allemagne à son tour eut son désir d’association. Il était à peu près impossible de constituer une véritable société dans ce pays, où les savans étaient complètement disséminés. On dut se borner à établir un centre où les auteurs pussent adresser leurs écrits destinés à être publiés. En 1652, la tranquillité étant revenue en Allemagne depuis le traité de Westphalie, le moment sembla favorable. Un médecin de la ville de Schweinfurt, Bausch, conçut le plan de l’association appelée l’Académie des curieux de la nature. Partout les hommes éclairés manifestaient la même volonté, s’attacher à l’étude de la nature. La compagnie naissante entreprit simplement la publication des œuvres de quelques-uns de ses membres; mais à partir de l’année 1670 elle publia annuellement un recueil contenant de nombreux travaux de recherches. L’Académie des curieux de la nature a duré jusqu’en 1791; on l’a vue renaître en 1818.

Au XVIIe siècle, la France possédait plusieurs savans d’un haut mérite, et cependant notre Académie des Sciences est moins ancienne que les académies étrangères qui viennent d’être citées. Elle date de 1666. Seulement il est vrai de dire que longtemps auparavant nos savans avaient des assemblées fréquentes où ils se communiquaient leurs travaux et discutaient les questions scientifiques. Au rapport de Du Hamel, qui nous a laissé une histoire de l’ancienne Académie des Sciences, des hommes instruits, parmi lesquels se trouvaient Gassendi, Descartes, Hobbes, Roberval, Pascal père et fils, se réunissaient chez le père Mersenne, et de là s’établissaient des correspondances avec les savans étrangers. L’abbé de Marolles nous dit aussi qu’il y avait des réunions de savans chez Louis Chantereau-Lefèvre, conseiller d’état, comme il y en avait précédemment chez M. Lepailleur, et qu’il a vu à ces réunions du samedi, où l’on parlait de mathématiques, « Gassendi, Boulliau, Pascal, Roberval, Desargues, Carcavi et autres illustres en cette science. » Dès le temps de Ghantereau-Lefèvre, qui mourut en 1658, des assemblées se donnant le titre d’académie se tenaient à peu près régulièrement à l’hôtel de Henri-Louis-Habert de Montmor, doyen des maîtres de requêtes. Les assemblées étant devenues plus nombreuses, on se réunit à la bibliothèque du roi, chez M. Thévenot. Tout ainsi était merveilleusement indiqué pour donner à un