Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 76.djvu/385

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lombo, de Crémone, est célèbre par des expériences sur la respiration et par une description de la circulation pulmonaire. Cette description, occupant une petite page d’un tout petit volume, est d’une précision si parfaite qu’après l’avoir lue on s’étonne que dès cette époque la circulation générale du sang n’ait pas été soupçonnée.

Fabrizio, de la ville d’Acquapendente, située à une centaine de kilomètres de Rome, avait été l’élève de Fallope. Nommé professeur à Padoue en 1665, il occupera sa chaire pour la plus grande gloire de l’université de cette ville pendant plus de quarante années. L’organisation des animaux supérieurs avait déjà été étudiée, mais dans cette étude une seule pensée avait, depuis Galien, occupé l’esprit des anatomistes, apprendre à connaître l’homme en suppléant aux difficultés de l’observation sur l’homme lui-même par la dissection des animaux. Sous l’empire d’une idée qu’on pourrait appeler un trait de génie, Fabrizio le premier examine les mêmes organes chez l’homme et chez divers animaux. Déterminant les rapports, constatant les différences, il tire de ses observations les plus heureuses conséquences relativement aux fonctions des organes. Entrant dans la voie des comparaisons, la véritable source de lumière pour les investigateurs, il contribue d’une manière éclatante aux progrès des sciences naturelles. Fabrizio d’Acquapendente a traité des organes des sens, de l’appareil de la digestion, du développement de l’embryon dans l’œuf. On le cite continuellement encore pour une observation capitale dont il ne sut pas comprendre la portée. Il était arrivé à plusieurs anatomistes de reconnaître à l’intérieur des veines la présence de nombreux replis membraneux, ce que l’on nomme les valvules. C’étaient des remarques très superficielles, et Fabrizio n’en avait pas connaissance. Entraîné par le seul intérêt du sujet, il entreprit une étude générale des valvules de la plupart des veines, et il s’assura que toutes les valvules sont disposées de façon à empêcher le sang de tomber vers les extrémités. Il semble que la constatation d’un fait si remarquable aurait dû ouvrir les yeux de l’observateur et lui faire songer à l’un des plus grands phénomènes de la vie, le cours du sang. Le moment de la découverte était proche, mais il n’était pas arrivé.

Dans le temps où les anatomistes s’adonnaient avec ardeur à l’investigation, des naturalistes commencèrent à étudier les animaux dans leurs caractères et dans leurs habitudes. Parmi ces nouveaux scrutateurs de la nature, qui furent véritablement les premiers zoologistes, il y a encore un Italien, mais, circonstance flatteuse pour notre orgueil national, il y a deux Français. L’Italien est Salviani, né en 1514, à Città di Castello dans l’Ombrie, les deux