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lement racheté par le propriétaire. La chasse y est divisée en trois classes : la petite chasse (kleine jagd), qui comprend le lièvre, la perdrix, la caille, la bécasse, — la chasse moyenne (mittel jagd), qui s’applique au chevreuil, au renard, au faisan et au coq de bois, — enfin la grande chasse (hohe jagd), qui donne le droit de tuer le cerf, le daim, le sanglier et le grand coq de bruyère. Il y a de nombreux domaines qui n’ont pas été complètement affranchis, et dont les propriétaires eux-mêmes ne peuvent se livrer qu’à l’un ou à l’autre de ces modes de chasse. La location des terres se fait par districts, moyennant la redevance au profit de l’état d’un certain nombre de pièces de gibier qui sont vendues par les soins des agens forestiers.

Dans la plupart des autres pays de l’Allemagne, la chasse n’est considérée comme une dépendance de la propriété que pour les jardins et parcs contigus à des habitations, pour les pièces de terre entourées d’une clôture pleine, et pour les domaines de plus de 80 hectares d’un seul tenant en plaine, et de 130 hectares en montagne. Dans tous les autres cas, le droit de chasse passe du propriétaire à la commune, qui, formant un ou plusieurs cantons de chasse avec les terres non comprises dans les catégories ci-dessus, les met en location aux enchères au profit de la caisse municipale, sauf à elle à indemniser les propriétaires des dommages que le gibier pourrait causer. Dans les propriétés domaniales, terres ou forêts, la chasse en 1848 avait été affermée comme en France ; mais depuis cette époque il s’est manifesté une tendance de plus en plus marquée vers l’exploitation en régie. Ce sont les agens et les gardes forestiers qui sont chargés de ce soin, et qui pour ce motif sont tenus d’être versés dans tous les détails de la science cynégétique. Chaque année, vers le mois d’octobre, ils envoient à l’administration centrale un état sur lequel figure d’une part le compte aussi exact que possible du gibier existant dans les forêts, et la quantité qui pourra en être tuée dans le courant de l’année, d’autre part le détail des dépenses qu’occasionne la chasse, c’est-à-dire les frais de nourriture du gibier et des chiens, l’entretien des instrumens et appareils de chasse, le transport des animaux tués jusqu’aux maisons forestières où viennent les prendre les entrepreneurs avec lesquels on a traité. En regard des dépenses figurent les recettes, qui se composent du produit de la vente du gibier. Ce système d’exploitation directe est peut-être préférable à la location d’une forêt, si l’on a en vue les besoins de l’alimentation publique, et si, pour y satisfaire, on s’attache à produire la plus grande quantité de gibier possible ; mais il est moins profitable aux intérêts du trésor, car dans le prix de location d’une chasse les amateurs font entrer