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par la contrebande. La culture de la plante est permise partout, à la condition que les feuilles récoltées seront toutes livrées aux manufactures de l’état, qui ont seules le droit de les manipuler pour les revendre. Or il est facile en Autriche de surveiller les plantations, qui sont peu nombreuses. En Hongrie au contraire, ce genre de culture, sollicité par le sol et le climat, est pratiqué à peu près partout. La surveillance du fisc est d’autant plus difficile que certaines tolérances sont consacrées par l’usage. On a remarqué que les ventes et les recettes du trésor baissent beaucoup depuis le moment où les feuilles commencent à mûrir jusqu’à l’époque où la régie fait ses achats aux cultivateurs. Cela tient à ce que les paysans, ayant la plante sous la main, pratiquent chez eux une dessiccation grossière dont ils se contentent. On s’est demandé, surtout en Hongrie, s’il ne convenait pas de couper court à ces abus en proclamant la liberté de fabrication; mais comment remplacer les profits du monopole ? On a proposé de vendre aux amateurs le droit de fumer. Le fumeur marcherait à l’avenir muni de sa patente, comme le chasseur de son port d’armes. A première vue, cela semble d’une pratique difficile; mais en matière de fiscalité tout ce qu’on essaie devient possible par l’habitude. Sans s’arrêter aux obstacles, le gouvernement de Pesth a déjà obtenu à Vienne la promesse de l’abolition du monopole dans les deux pays. En attendant et malgré les probabilités d’une plus-value, le premier budget conserve l’ancien chiffre de recettes, soit environ 24 millions nets.

C’est à regret que le ministre inscrit à son budget une somme de 2,750,000 francs provenant du bénéfice des loteries. La nécessité fait une loi de conserver jusqu’aux moindres ressources, et d’ailleurs la morale gagnerait peu à la suppression de la loterie en Hongrie, tant que cette funeste passion sera surexcitée chez le peuple voisin par la loterie impériale et le grand nombre des tirages autorisés.

Les taxes correspondant à nos droits d’enregistrement et de timbre sont limitées à 23,118,000 francs. C’est le produit de la période précédente. Il serait facile d’obtenir beaucoup plus, mais ici se manifestent le bon sens pratique et la modération de la noblesse magyare. Aux termes d’un des projets de loi présentés aux chambres, des immunités importantes sont réservées à la petite propriété qui vient de naître, et que l’on craint d’étouffer sous les charges fiscales. Tous les propriétaires possédant moins d’une vingtaine d’hectares, et cette catégorie comprend presque tous les anciens vassaux affranchis, seront exemptés de l’inventaire après décès et des lenteurs d’une procédure coûteuse. A l’avenir, les droits de succession seront fixés sommairement sur la base du revenu net ca-