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une juste pondération entre la compétence de l’état et le régime municipal.

Au ministère des finances sont attribués 18,440,000 francs. Cette somme représente les frais pour la perception des impôts et l’exploitation de plusieurs monopoles qui fournissent à l’état d’importans revenus, tels sont notamment les salines du domaine et la fabrication du tabac. — Le portefeuille des travaux publics a pour titulaire un Transylvanien, le comte Miko. L’allocation, limitée à 6,620,000 francs pour le service ordinaire, est disséminée en petits travaux concernant la viabilité et la navigation fluviale. Les grands travaux de construction qui n’ont pas un caractère permanent sont renvoyés aux dépenses extraordinaires, dont nous parlerons plus loin. — Le ministère de l’agriculture, de l’industrie et du commerce n’est inscrit au budget que pour 1,146,250 francs. Sur ce terrain, qui deviendra si fécond, il n’y a encore que des germes et des essais. Le ministre, M. de Gorove, paraît être d’ailleurs un de ces hommes pour lesquels il n’y a pas de petites fonctions. — Les cultes et l’instruction publique ne recevront de l’état que 2,777,500 francs. Cela montre que ces importans services sont encore classés comme des charges locales et volontaires. L’éducation populaire, qui ne reçoit que 500,000 francs, est pour ainsi dire à créer. On peut avoir foi dans l’avenir de ce service, s’il reste confié aux inspirations élevées et aux connaissances étendues de M. le baron Eötvös, l’ami et digne collaborateur de M. Deak. — On a centralisé, comme l’une des plus nobles prérogatives de l’état, l’administration de la justice, à laquelle une somme de 7,307,500 francs est appliquée. Le ministre en fonction, M. Horvath, est un jeune jurisconsulte qui s’inspire de la philosophie du droit, et cherche à maintenir les questions de sa compétence dans les régions élevées des principes. — Les dépenses pour l’armée étant classées dans le cadre des services communs, il n’y a pas, à proprement parler, de ministre de la guerre en Hongrie. Sous le titre de «ministère pour la défense du pays, » on désigne une simple direction chargée de la régie des haras militaires et des opérations du recrutement. Toutefois ce service, auquel on n’attribue aujourd’hui que 1,281,500 fr., est destiné à prendre de l’importance, si on réalise, comme on sera probablement conduit à le faire, le vœu instinctif du pays pour la création d’une milice nationale. Cette nécessité est si bien pressentie qu’à cet imperceptible ministère on a rattaché la présidence du conseil. Une particularité remarquable dans le budget hongrois est que les pensions de retraite sont ajoutées aux dépenses de chacun des services dont elles proviennent. Ce procédé est excellent; il préviendra des abus dont les contribuables ont à souffrir dans plusieurs autres pays.