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chemins de fer, les intérêts de cet emprunt sont compris, suivant l’usage, dans les frais de premier établissement, et seront payés ultérieurement sur les produits de l’exploitation. L’état n’aurait à intervenir plus tard que pour compenser l’insuffisance des recettes; c’est seulement dans ce cas, contraire à toutes les probabilités, que le budget des dépenses publiques serait surchargé.

Le détail des dépenses administratives va nous faire connaître les ressorts du régime nouveau. En raison de sa double qualité d’empereur en Autriche et de roi constitutionnel en Hongrie, il y aurait sans doute quelque inconvénient à ce que le roi fût en contact immédiat avec le conseil des ministres. Le dualisme a fait nécessairement une réalité de la fameuse maxime : « le roi règne et ne gouverne pas. » Entre le roi, chef nominal du pouvoir exécutif, et le conseil des ministres, qui est le véritable organe du gouvernement constitutionnel, il y a, comme trait d’union, un petit ministère spécial, pour les frais duquel une somme de 216,250 francs est allouée. Le titulaire actuel est le comte George Festetics, frère du général Festetics, qui s’est distingué à Sadowa; lui-même est un homme expérimenté, assez riche personnellement pour mener noblement une splendide existence.

Le pouvoir réside en réalité dans une assemblée nationale comprenant deux chambres et dans un ministère qui est l’émanation de cette assemblée. Une pareille combinaison assure au président du ministère un rôle et une influence très considérables. L’importance de la fonction est d’ailleurs relevée par le patriotisme et la haute intelligence politique de son premier titulaire, le comte Jules Andrassy. L’assemblée nationale, dont les membres reçoivent une indemnité, et la présidence du conseil figurent au budget pour 2,616,250 fr. — Le ministère de l’intérieur, occupé par le comte Wenkheim, a naturellement dans son ressort l’administration générale du royaume. Le total des sommes inscrites à son crédit monte à 23,283,750 francs; toutefois ses attributions paraissent fort restreintes, parce qu’un des premiers actes du nouveau régime a été de rétablir les comitats avec leurs anciens procédés d’administration locale. C’est un moyen de transition, assez dispendieux d’ailleurs, puisqu’il prélève 17 millions sur 23 en fonctionnant d’une manière imparfaite. Provisoirement la compétence du ministre de l’intérieur est limitée à des services d’utilité générale, comme l’hygiène, la sûreté publique, les prisons, les maisons d’aliénés et d’enfans trouvés, les théâtres et les courses. On voit par la modicité des allocations que ces services ne sont encore qu’à leur première phase de développement. Un des problèmes dont les hommes politiques sont maintenant préoccupés est d’établir